Guterres: "La solution à 2 Etats, Israël et Palestine, seul moyen de parvenir à une paix durable"

Guterres: "La solution à 2 Etats, Israël et Palestine, seul moyen de parvenir à une paix durable"

Alors que la guerre à Gaza dure depuis plus de trois mois, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a affirmé mardi devant le Conseil de sécurité que la solution à deux Etats, Israël et Palestine vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, est le « seul moyen de parvenir à une paix durable ».

« Le rôle de la communauté internationale est clair. Nous devons nous unir pour soutenir les Israéliens et les Palestiniens afin qu'ils prennent des mesures fortes en faveur d'un véritable processus de paix », a déclaré le chef de l’ONU lors d’une réunion du Conseil consacrée à la situation à Gaza.

« Au cours des deux dernières décennies, la solution à deux États a été critiquée, dénigrée, et laissée pour morte à maintes reprises. Cependant, elle reste le seul moyen de parvenir à une paix durable et équitable - en Israël, en Palestine et dans la région toute entière », a-t-il ajouté. « Comme nous l'avons vu au cours des trois derniers mois, c’est aussi la seule voie pour sortir des cycles sans fin de peur, de haine et de violence ». 

Selon le Secrétaire général, « cette période terrible pour les Israéliens et les Palestiniens doit inciter les parties au conflit, ainsi que la communauté internationale, à agir avec courage et détermination pour parvenir à une paix juste et durable ».

Il a jugé « inacceptable » le rejet « clair et répété » de la solution à deux États, la semaine dernière, « aux plus hauts niveaux du gouvernement israélien ».

Selon lui, « ce refus, ainsi que le déni du droit à un État au peuple palestinien, prolongeraient indéfiniment un conflit qui est devenu une menace majeure à la paix et à la sécurité mondiales » et cela « exacerberait la polarisation et encouragerait les extrémistes du monde entier ».

« Le droit du peuple palestinien à construire son propre État pleinement indépendant doit être reconnu par tous. Et tout refus d’accepter la solution à deux États par l’une ou l’autre des parties doit être fermement rejeté », a-t-il ajouté.

Réunion présidée par la France

La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU s'est déroulée vendredi après-midi pour faire le point sur la situation à Gaza, où l’opération militaire israélienne continue sans relâche depuis plus de trois mois en représailles aux attaques sanglantes du Hamas en Israël.

La réunion était présidée par le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, dont le pays occupe la Présidence tournante du Conseil de sécurité en janvier.

D’autres ministres des affaires étrangères participaient également à cette réunion, dont les chefs de la diplomatie de l’Algérie, Ahmed Attaf, de la Slovénie, Tanja Fajon, et de la Russie, Sergueï Lavrov.

La réunion s'est déroulée dans un contexte d'extension du conflit au-delà de Gaza. avec des échanges de tirs réguliers entre les forces israéliennes et celles du Hezbollah au Liban et des frappes aériennes croissantes menées par les États-Unis et le Royaume-Uni contre les rebelles houthistes au Yémen, qui attaquent les navires en mer Rouge, en signe de solidarité avec les militants palestiniens.

Alors que la crise humanitaire à Gaza ne montre aucun signe d’apaisement et que les initiatives visant à libérer les otages pris par le Hamas en échange d’une pause humanitaire peinent à progresser, les appels à la fin du carnage dans l’enclave se font de plus en plus forts.

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjournée, préside une réunion du Conseil de sécurité.

Cessez-le-feu humanitaire et libération des otages

Dans son discours, le Secrétaire général a renouvelé son appel à « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » et a exigé « la libération immédiate et inconditionnelle de tous otages ». Il a précisé qu’il continuerait, avec ses « capacités limitées », à poursuivre tous ses efforts pour contribuer à leur libération.

Le chef de l’ONU a souligné que les trois derniers mois ont été « catastrophiques » pour les civils palestiniens à Gaza. « La population entière de Gaza subit une destruction à une échelle et à une vitesse sans précédent dans l’histoire récente », a dit M. Guterres. « Rien ne peut justifier la punition collective du peuple palestinien ».

Il a noté que la situation humanitaire à Gaza est « épouvantable ». Alors que l’hiver approche, 2,2 millions de Palestiniens à Gaza sont confrontés à des conditions « inhumaines et sordides ». « Tout le monde à Gaza a faim », a-t-il déclaré. 

Face à ces souffrances humaines « colossales » et à « d’énormes obstacles », le Secrétaire général a souligné que les opérations humanitaires des Nations Unies s’efforçaient d’apporter une assistance vitale, dans des conditions dangereuses, alors que 153 employés de l’ONU ont été tués.

Il a dit la détermination de l’Organisation « à faire bien davantage pour intensifier la distribution de produits alimentaires, de tentes et de matériaux pour abris, de médicaments, d’eau potable et de pièces de rechange pour réparer les infrastructures sanitaires essentielles ».

Riad Al-Malki, ministre des Affaires étrangères de l'État de Palestine, s'adresse à une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient.

Mais pour cela, les travailleurs humanitaires ont besoin de sécurité et d’être bien équipés. Ils ont besoin aussi de davantage de points de passage vers Gaza pour éviter les points d’étranglement. Le Secrétaire général a demandé la reprise de l'acheminement de l'aide à Gaza via le port d'Ashdod en Israël, notant qu’une première cargaison de farine est arrivée à Gaza depuis Ashdod, mais qu’il en faudrait bien davantage. Il a réclamé aussi un accès au nord de Gaza et à davantage de visas.

« J’appelle à un accès humanitaire rapide, sûr, sans entrave, élargi et durable dans tout Gaza », a-t-il dit.

« Il est temps de rendre des comptes », selon la Palestine

Invité à participé à la réunion, Riyad Al Maliki, ministre des Affaires étrangères de l'État observateur de Palestine, a affirmé que la guerre est un « effort prémédité visant à infliger le maximum de souffrance à la population palestinienne ».

Il a dénoncé une campagne de bombardements sauvage et aveugle, des destructions massives, un siège cruel privant la population des éléments essentiels à sa survie, et des déplacements forcés à une échelle et à une vitesse sans précédent dans l'histoire moderne.

Le monde appelle à un cessez-le-feu, a-t-il déclaré. Il est temps de rendre des comptes et de convoquer une conférence internationale de paix avec un objectif clair : faire respecter le droit international et mettre en œuvre les résolutions de l'ONU par une action résolue de tous les États, des organisations et de l'ONU, a-t-il dit, ajoutant qu'il était temps de reconnaître et d’admettre l’État de Palestine à l’ONU.

'ambassadeur Gilad Erdan d'Israël s'adresse à une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient.

« Nous défendrons notre avenir », déclare Israël

De son côté, l'ambassadeur israélien Gilad Erdan, rappelant qu'Israël s'est retiré de Gaza il y a 18 ans, a déclaré que depuis que le Hamas a été élu, il a transformé l'enclave en une « machine de guerre ».

Certains plaident pour un cessez-le-feu permanent, qui permettrait au Hamas de rester au pouvoir. Cela mettrait Israël en danger existentiel parce que le Hamas cherche à anéantir Israël, a-t-il affirmé.

Cependant, si le Hamas livrait les responsables de l'attaque du 7 octobre contre Israël et rendait les otages, la guerre prendrait fin immédiatement, a-t-il déclaré.

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