Saïda Agrebi rend hommage à son fils disparu

Saïda Agrebi rend hommage à son fils disparu
 
Nous venons de recevoir ce courrier de l’ex Présidente de l’Association Tunisienne des mères Saïda Agrebi, à travers lequel elle a voulu rendre un hommage à son fils unique Ahmed disparu dans depuis un an jour pour jour dans des conditions tragiques au Maroc.
 
Voici son contenu intégral :
 
Paris 9 AVRIL 2016 : Un an déjà, incroyable mais vrai, tu es parti mon chéri en me laissant seule, meurtrie, triste et abandonnée, heureusement que tes petites filles Saida Emna et sa petite sœur Erij Essabeh et leur maman Madiha me rappellent que tu es toujours la parmi nous;
 
Au fait, il ya 40 ans tu étais bien installé dans mon ventre ou il me plaisait de sentir tes mouvements et parfois même tes coups de pieds, c’est exactement depuis cette heureuse période que j’ai appris à communiquer avec toi en t’écoutant et en partageant mes soucis.
 
Je savais que l’année 1977 était des plus heureuses, puisque je te portais en moi mon bébé et je continuais ma vie active et professionnelle, en tant que fonctionnaire internationale, voyageant partout en ta compagnie dans mes entrailles. Toutes les fois que j’atterrissais avec mon énorme ventre on se dépêchait de me servir du lait et toutes les attentions a une future maman qui attendait avec fierté l’heureux évènement.
 
A l’arrivée du grand jour, je conduisais d’Ezzahra, la banlieue ou j’habitais, vers mon bureau à la bourse de travail à TUNIS avec une valise placée  d’avance dans la malle de ma voiture, en prévision d’une éventuelle alerte, jusqu’au moment où je sentais de douleurs d’annonce, j’ai conduit jusqu’à la clinique Magenta à El Omrane, j’ai appelé maman et mon gynéco leur annonçant les douleurs du travail qui a duré plus de 24 heures.
 
Le LUNDI 13 JUIN 1977 à 10 heures du matin, suite à une césarienne pratiquée par le  Dr Hamadi Ben Amor, je mis au monde un beau bébé de sexe masculin.
 
A l’époque, les sciences n’avaient pas encore  inventé l’échographie pour la prévision du sexe du fétus avant sa naissance, pourtant j’étais tellement sure que je portais une fillette. J’ai même préparé  tout le trousseau du bébé en rose. Mais Dieu merci, c’était un garçon, un fils que j’ai nommé Ahmed du nom de son grand-père paternel, AHMED JERIBI que j’adorais.  Lui qui était un grand homme de savoir de culture et de valeurs transmises dans les gènes de son petit-fils.
 
C’est à partir de cette date que notre court parcours de 37 ans et que notre relation fusionnelle prirent forme et évoluèrent au fil des années avec tous les évènements heureux de sa croissance et de son développement socio culturel, scolaire et universitaire, professionnel et familial.
 
Des moments forts de joies et d’émotions, de séparations et de retrouvailles, de réussites et de suspens depuis ton baptême à l’âge de 3 ans, jusqu’à  ta rentrée solaire à l’âge de 6 ans, couronnée par ta réussite de la 6eme à l’âge de 12  ans au lycée El Menzah et du Baccalauréat, à 19 ans  au lycée Borj-Baccouche  de l’Ariana :
 
A l’âge de 20 ans tu a pris le chemin des universités américaines, tout comme ta maman. Inscrit à l’université de Bridge Port, Connecticut USA, pour un BSC. En sciences de la communication culturelle, tu as poursuivi tes études et ta formation professionnelle jusqu’à l’âge de 25  ans entre New York, Paris, Rome et le Caire  pour réintégrer le pays et  poursuivre  son propre chemin professionnel, au niveau des instances touristiques, médiatiques et culturelles aboutissant enfin à la création de ta propre société de production culturelle  «SAIDA PROD» du nom de sa mère domiciliée à la Soukra jusqu’à l’année 2011.
 
Ahmed a consacré les dix dernières années de sa vie à construire sa familiale en épousant une journaliste et élevant leurs deux adorables petites filles Saida Emnaet Erij Essabah  et à renforcer les assises de son entreprise qui prenait de l’ampleur grâce à la coopération internationale, les relations et les échanges avec certains pays arabes ou il avait d’excellentes relations.
 
En plus de ses compétences professionnelles et son know- how numérique et techno, il avait une fibre humaine et solidaire exceptionnelle, il était toujours partant pour organiser des activités de bienfaisance en solidarité avec les plus démunis et  les personnes aux besoins spécifiques, tant au niveau de la télévision tunisienne MaanaAhla  ou au niveau  des galas au profit des œuvres humanitaires Kheimat Ramadhan ,kawafel el Aid,…
 
Apres 2011,il continua a travailler dans le même domaine de communication culturelle au Caire, Dubaï ,Tanger pour atterrir à Casablanca où il a eu la chance de rencontrer un grand homme. Un homme de grande générosité de cœur et d’humanisme dont le son soutien lui a permit de travailler à la SICPA et vivre dignement le restant de ses jours avec sa petite famille.
 
Et c’est dans une clinique marocaine que la vie de mon fils unique, de mon fils bien aimé AHMED  s’est éteinte loin de moi. Et c’est dans un coffre funèbre qu’il retourna à sa Tunisie pour y être inhumé :
 
Je me rappelle de ce triste jour comme si c’était hier. Ce JEUDI 9 AVRIL 2015 à 6 heures du matin,mon fils m’appelle de Casa pour m’annoncer que l’intervention cardiaque placement du «  pace maker » prévue pour 9h du matin à la clinique ANFA a été reportée pour 21H à cause de la grève de Air France qui devait transporter le rythmologue de Paris;
 
Le cœur serré par cet éloignement qu’on a dû supporter, je l’ai encouragé en cette journée de célébration de la fête des martyrs. Il a essayé de me rassurer en m’informant alors qu’il va sortir avec son ami Sami pour accomplir la prière du vendredi à la mosquée.
 
Mais cette triste journée s’est terminée par sa mort. La nouvelle était insupportable et le comble c’est que je n’ai même pas pu revenir à mon pays pour lui dire Adieu parce qu’on a refusé  de m’accorder un passeport.Depuis je suis meurtrie par ce chagrin et par cet éloignement de mon pays. La vie n’a plus de sens.
 
Repose en Paix mon fils!
 
 

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