Abdelkader Dhibi, tué à Marseille : bavure ou légitime défense ?

 Abdelkader Dhibi, tué à Marseille : bavure ou légitime défense ?

L’affaire de la mort du Tunisien Abdelkader Dhibi, abattu mardi à Marseille par la police française après avoir blessé cinq personnes au couteau, continue d’alimenter la polémique de part et d'autre de la Méditerranée.

Dès l’annonce du drame, certains médias français ont évoqué un acte « infradjihadiste » et un crime à inspiration islamiste, affirmant que l’homme de 35 ans aurait crié « Allah Akbar » avant d’être abattu.

 Ils ont également rappelé qu’il avait déjà été poursuivi pour des propos antisémites tenus devant une mosquée à Sète !

Cependant, ces premières analyses ont rapidement été démenties. Il s’est avéré qu’Abdelkader Dhibi ne présentait aucun signe de radicalisation, et souffrait de troubles psychiques avérés.

Le mobile terroriste a d’ailleurs été formellement écarté par les enquêteurs et l’affaire aurait éclaté après une dispute violente avec un groupe de jeunes algériens.  

En Tunisie, notamment dans sa ville natale de Kasserine, beaucoup estiment que la mort de Dhibi aurait pu être évitée si les forces de l’ordre avaient mieux géré l’intervention- en en le neutralisant par l’usage du taser, ou, en dernier recours, à des tirs non létaux (dans les jambes, par exemple), au lieu de l’abattre alors qu’il reculait.

Même si le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a salué l’intervention policière, parlant de « bonne patrouille, au bon moment et au bon endroit », les images de la scène semblent contredire cette version. Elles suggèrent que la mort d’Abdelkader Dhibi n’était pas inévitable, et relancent le débat sur la proportionnalité de l’usage de la force.

Autre élément troublant : selon les normes encadrant l’usage des armes à feu dans le cadre de la légitime défense, les policiers doivent être en uniforme ou clairement identifiables (par un brassard ou un gilet, par exemple). Ce qui ne serait pas le cas pour cette patrouille, spécialisée dans la lutte contre l’immigration clandestine.

Ce qui est certain, c’est qu’Abdelkader Dhibi, qui résidait d’une façon régulière en France,  a payé de sa vie l’incapacité apparente des membres de cette patrouille à neutraliser la menace autrement que par la mort.

Espérons qu’une enquête rigoureuse, indépendante et impartiale soit ouverte afin de faire toute la lumière sur cet événement tragique, et de répondre aux accusations persistantes d’impunité policière et de racisme systémique dans certaines opérations de maintien de l’ordre en France.

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