Affaire Jarraya, les graves révélations de Sahbi Ben Fredj
Depuis son arrestation au mois de mai dernier en vertu du décret 78 du 26 janvier 1978 relatif à l’état d’urgence, l’homme d’affaires controversé Chafik Jarraya fait toujours parler de lui. Son affaire a pris de nouvelles proportions et il ne se passe pas une semaine sans qu’un nouvel élément vienne alourdir le dossier. Les médias férus de ce genre d’affaires ne dérogent pas à la règle et certains sont même allés jusqu’à publier les résultats de l’enquête en cours, ce qui a amené le parquet militaire à « dénoncer ces dépassements » qui constitue, selon un communiqué publié le 10 novembre dernier, « un non-respect de l’article 61 du décret 115 ».
L’homme était très influent. Il dispose d’un réseau de politiciens, d’élus et de journalistes qui s’affichent en sa compagnie lors de ses déplacements et qu’il a soudoyés, comme il l’a déclaré dans une émission télévisée. C’est pourquoi, son arrestation a sonné comme un véritable séisme. Il se trouve au centre d’une affaire de trahison et d’atteinte à la sûreté de l’Etat instruite par la justice militaire. Un ancien ministre de l’intérieur et deux anciens hauts cadres du même ministère se trouvent impliqués dans cette affaire qui pourrait, selon le député Sahbi Ben Fredj, toucher de personnalités politiques et des hommes de médias.
Lé dirigeant et député d’Al Horra Mashrou3 Tounes, a dans un statut publié sur sa page Facebook « jeté un pavé dans la mare », comme l’a écrit le journal la Presse dans son édition de lundi 11 décembre 2017. Il a dénoncé les manœuvres de ce qu’il appelle « les alliés » de l’homme d’affaires pour enterrer le dossier. Il parle d’une campagne menée contre la guerre du chef du gouvernement contre la corruption qualifiée de « sélective ». Elle porte sur l’arrestation des hauts cadres du ministère de l’intérieur. Toujours, selon le député Sahbi Ben Fredj, le témoin principal dans cette affaire fait l’objet d’un harcèlement continu. Il s’agit d’un cadre de la brigade antiterroriste qui a témoigné devant le juge d’instruction près du tribunal militaire contre son chef hiérarchique, aujourd’hui arrêté.
Ben Fredj relève également une autre manœuvre, à savoir les pressions sur la magistrate chargée en charge de l’affaire au sein de la cour d’appel de Tunis pour se dessaisir du dossier. Il met en garde contre la constitution d’une nouvelle chambre spéciale près de la cour d’appel de Tunis pour se charger des dossiers relevant de la compétence de la justice militaire et dont la première séance aura lieu demain pour statuer sur les demandes de libération des accusés présentés par les avocats.
Ces révélations d’une gravité évidente doivent être prises au sérieux et l’absence de réactions de la part du ministère de la justice ou du parquet militaire, elles sont de nature à semer beaucoup de doute dans les esprits et à perturber le cours de l’instruction sur l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
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