Béji Caïd Essebsi au congrès d’Ennahdha : Je suis venu par « la Volonté de DIEU »

Béji Caïd Essebsi au congrès d’Ennahdha : Je suis venu par «  la Volonté de DIEU »

 

Jusqu’au dernier moment, le mystère restait entier. Vient-il ou ne vient-il pas ? Béji Caïd Essebsi a pris de court tout le monde.  Interrogé la veille, il  a refusé de répondre prétextant qu’il ne pouvait rien dire alors qu’il était à l’Etranger. Pressé par son intervieweuse, il a fini par lâcher une litote dont il est très fort : je viendrais par la volonté de Dieu (Inch’Allah)  et si je ne viens pas il en sera ainsi fait par la puissance d’Allah( Laa 7aoula w laa 9outa illa Billah).

Sans doute a-t-il hésité avant de franchir le pas.  Certains de ses conseillers l’en auraient peut-être dissuadé. Mais il a bien fait de venir. Car quelle belle image il a donné à la Tunisie. L’image d’un pays uni et indivisible malgré la pluralité de ses familles politiques.

Assis côte à côte, applaudis autant l’un que l’autre par une assistance essentiellement nahdhaouie, Caïd Essesbi et Rached Ghannouchi ont montré qu’ils sont deux partenaires crédibles pour le présent et l’avenir de la Tunisie.

En costume bleu ciel avec une cravate de la même couleur, le Président de la République était même au niveau de la couleur en harmonie avec ses hôtes. Ghannouchi portait aussi un costume européen de la même couleur.  Apparemment ravi, le chef de l’Etat n’en était pas moins ému aussi. A-t-il jamais pensé, arrivé à cet âge avancé que le chant des destouriens « Houmat Al-Houma », l’hymne national serait entonné par quinze mille personnes tous acquis au mouvement islamiste. Le successeur et disciple de Bourguiba ne peut qu’en être tout retourné.

Comment pouvait-il ne pas être de cette fête, lui qui avait été pourchassé par le parti islamiste lorsqu’il avait annoncé son intention de créer Nidaa Tounés en vue d’équilibrer le paysage politique. Pouvait-il ne pas se rappeler cette réunion  de décembre 2012 à  Jerba  lorsque les milices «des ligues de protection de la révolution » avec « la complicité d’Ennahdha) avaient saboté la réunion que son parti nouveau-né voulait tenir. Pouvait-il oublier que Rached Ghannouchi avait déclaré que « Nidaa Tounés était plus dangereux que les salafistes ».

Ces pensées ont certainement traversé son esprit. Mais ce dont il doit se rappeler le plus et qui l’a plus que tout incité à venir à ce congrès c’est sans doute cette réunion déterminante qu’il avait tenue à Paris un certain 15 août 2013 avec Rached Ghannouchi. Cette réunion a changé beaucoup de choses. Peut-être même la mue que le mouvement islamiste s’est engagé à faire en acceptant de séparer le politique du religieux est-elle une des conséquences de cette réunion. La politique de la concorde (attawafak) mise en œuvre entre les partis d’Essebsi  et de Ghannouchi est aussi le fruit de cette rencontre.

Le Congrès d’Ennahdha avec cette présence  symbolique du président de la république a valeur aussi de pédagogie pour un peuple qui est paru divisé en deux aux élections législatives et présidentielle de 2014.

C’est désormais acquis qu’Ennahdha est une composante essentielle du paysage politique tunisien. La cohabitation entre ce parti et les autres formations n’est plus une exception, c’est une obligation. Pour consacrer l’exception tunisienne.

L’islam politique n’est plus, ont dit de concert Essebsi et Gahnnouchi dans des déclarations à la presse. La Tunisie, Etat civil compte des partis politiques dont Ennahdha. De référence islamique pourquoi pas dans un pays musulman. C’est peut-être la grande leçon de ce congrès. « La Patrie avant Ennahdha », a dit le vice président d’Ennahdha, Abdelfattah Mourou vêtu comme d’habitude d’une belle Jebba tunisienne. « La Tunisie avant Ennahdha » a dit en écho Ghannouchi.  Tous deux reprenant le slogan popularisé par Essebsi : « la patrie avant les partis ».

R.B.R.

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