Birmanie : Silence ! On tue les musulmans Rohingyas

Birmanie : Silence ! On tue les musulmans Rohingyas

 

« L’une des minorités les plus persécutées au monde. » Le constat de l’ONU remonte à plusieurs années déjà. Le sort des Rohingyas, une minorité musulmane vivant dans l’Etat d’ Arakan, dans l’ouest de la Birmanie, pays à 90 % bouddhiste, n’est pas beaucoup plus enviable aujourd’hui.

Depuis le 25 août, les violences redoublent même entre rebelles musulmans rohingyas et l’armée birmane dont la répression pourrait être assimilée, selon l’ONU, a une épuration ethnique

Une histoire qui témoigne d’une grandeur

Le mot «Rohingya» est dérivé de « Rohang » qui est le nom de l’État d’Arakan, dans le passé, il est maintenant le nom des musulmans citoyens natifs d’Arakan occupé par le Myanmar (Birmanie).

La Birmanie est située au Sud Est de l’Asie. Elle partage ses frontières terrestres au Nord avec la Chine et l’Inde, et au Sud, avec le Laos, l’Inde et le Bangladesh. Sa population est estimée à environ 55 millions (estimation juillet 2013) dont 20% sont musulmans, c’est-à-dire environ 11 millions.

L’islam est entré à Arakan au premier siècle de l’Hégire par le biais du compagnon Waqqas ibn Malik. Des historiens estiment que l’islam est arrivé en Birmanie via Arakan du temps du calife Abbasside Haroun ar-Rachid au septième siècle (du calendrier chrétien) par le biais des commerçants Arabes dont le comportement a suscité l’admiration des Birmans qui se convertirent à l’islam. Les musulmans travaillèrent au début la terre, puis ils dominèrent le commerce et s’installèrent dans plusieurs régions. Les Rohingyas formèrent un état musulman qui sera gouverné par 48 rois musulmans successifs entre 1430 et 1784.

Aujourd’hui, à Arakan, une division administrative de la Birmanie que le régime Birman actuel appelle Rakhine, accueille la plus forte concentration d’habitants. Sa population s’élève à 5,5 million d’habitants dont 90% sont musulmans. Deux millions de musulmans vivent en Birmanie pendant que les autres ont émigrés en dehors du pays à cause des persécutions perpétrées par le régime Birman à leur égard.

L’occupation bouddhiste puis britannique

Arakan a été occupé par le roi bouddhiste (Budabay) en 1784 qui a ajouté l’Arakan au Myanmar craignant la propagation de l’islam dans la région. Tout au long de cette occupation, les Birmans bouddhistes persécutèrent les musulmans et pillèrent leurs biens.

En 1824, la Grande-Bretagne occupe le Myanmar et l’annexe administrativement à l’Inde britannique coloniale. En 1937, la Grande-Bretagne a fait du Myanmar avec Arakan une colonie indépendante de l’Inde britannique.

Les musulmans ont résisté à la colonisation britannique si fortement que la Grande-Bretagne a fini par les craindre. Elle commença donc à mettre en œuvre sa politique désormais connue de « diviser pour mieux régner ». Elle incita les bouddhistes contre les musulmans, et leur fournit les armes. Les bouddhistes commirent un massacre en 1942 tuant environ 100 000 musulmans à Arakan!

En 1948, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance au Myanmar (Birmanie), à condition qu’il accorde l’indépendance à toutes les autres ethnies, après 10 ans si ces ethnies le souhaitaient.  Mais dès que les Birmans obtinrent leur indépendance, ils violèrent leur promesse et poursuivirent l’occupation d’Arakan contre la volonté de ses habitants musulmans Rohingyas perpétrant à leur égard des crimes horribles.

La situation des musulmans Rohingyas ne changea guère après les élections de novembre 2010 et ce, malgré les déclarations du gouvernement Birman de changement de régime, d’un régime militaire pour un régime démocratique.

Un génocide qui ne dit pas son nom

La fin du mois d’août, l’armée birmane a lancé une vaste opération de représailles dans l’Etat Rakhine, une région pauvre et reculée de l’ouest de la Birmanie, après l’attaque d’une trentaine de postes de police par des rebelles de l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui dit vouloir défendre les droits bafoués de la minorité musulmane rohingya.

Après dix jours de violences, qui ont fait près de 400 morts, quelque 125 000 Rohingyas ont fui au Bangladesh voisin. L’exode des Rohingyas vers le Bangladesh est terrible, tant il est parsemé de dangers.

C’est un véritable nettoyage ethnique auquel se livrent les birmans bouddhistes ainsi que l’armée  contre la population musulmane en Birmanie.

En effet, c’est bien au nom d’une idéologie islamophobe que la Birmanie extermine village après village les musulmans du pays.

L’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch rapporte que de nouvelles images satellite révèlent que plusieurs centaines de maisons de Rohingyas ont été détruites par le feu dans l’Etat de Rakhine en Birmanie. Ces images, ajoute l’ONG basée à New York, font état d’«incendies ayant touché environ 700 maisons du village de Chein Khar Li dans le district de Rathedaung, habité par des membres de la communauté musulmane rohingya, soit la destruction quasi totale du village».

Human Rights Watch soutient que le gouvernement birman devrait d’urgence permettre à des experts indépendants de déterminer les causes de ces incendies et d’examiner les allégations de graves violations des droits humains contenues dans des témoignages livrés par des réfugiés rohingyas ayant fui vers le Bangladesh. «Ces nouvelles images satellite qui montrent la destruction d’un village rohingya soulèvent de profondes inquiétudes quant à l’ampleur de la dévastation dans l’Etat de Rakhine, dans le nord du pays», a déclaré, cette semaine, Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch.

Le silence complice de Aung San Suu Kyi et des puissants de ce monde

Aung San Suu Kyi, qui fut détenue puis assignée à résidence par la junte birmane au pouvoir jusqu’en novembre 2010 et qui est actuellement à la tête du gouvernement birman, n’a en effet pas condamné les exactions commises contre les Rohingyas. Son service de presse distille au contraire depuis dix jours des photos de membres des forces de l’ordre tués à l’arme blanche et des commentaires acerbes contre les médias internationaux, accusés de ne pas désigner systématiquement les attaquants rohingyas comme des «terroristes».

En réaction au massacre des Rohingyas, la Prix Nobel de la paix 2014, Malala Yousafzai, a dénoncé le silence d’Aung San Suu Kyi. La jeune Pakistanaise a critiqué également l’inaction de son homologue birmane face au drame des Rohingyas. La jeune femme de 20 ans a pris la tête des protestations internationales contre la persécution des Rohingyas. Dans un message sur Twitter, Malala Yousafzai a appelé notamment à «la fin des violences» et demande que d’autres pays, y compris le sien, le Pakistan, suivent l’exemple du Bangladesh dans l’accueil des Rohingyas «qui fuient la violence et la terreur en Birmanie».

« La violence et cette crise humanitaire doivent cesser immédiatement», un message repris par les dirigeants des pays musulmans de la région, inquiets de la colère croissante de leur population. L’Iran, la Malaisie et le Pakistan ont réag ainsi que la Tunisie lointainei.

Le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit “profondément préoccupé” par les informations faisant état de tueries de civils dans des opérations des forces de sécurité dans l’Etat de Rakhine dans l’ouest de la Birmanie.

Il est urgent de prendre les mesures nécessaires et à faire pression sur le gouvernement de Myanmar pour qu’il respecte le droit international et permettre, ainsi, aux Rohingyas de bénéficier de leurs droits fondamentaux, dont en premier le droit à la vie.

En Occident, c’est le silence absolu sur cette tragédie. Les grands médias ou les politiques n’évoquent  guère ce génocide alors que même l’ONU reconnaît que les Rohingyas est la minorité la plus persécutée au monde. Jouer au spectateur et rester indifférent à ce qui se passe en Birmanie, pays de Maha Thray Sithu U Thant, troisième secrétaire général des Nations unies de 1961 à 1971, me semble inhumain de la part de ceux qui y siègent de nos jours. Où sont les autres gouvernements musulmans qui passent leur temps à se faire la guerre entre eux, les gouvernements occidentaux défenseurs surtout de leurs intérêts et leurs mercenaires comme BH et certains soi-disant droits hommistes ?

Klai Abdessatar

 

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