Bourguiba: "S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là"
« S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là! »
Deux vers du célèbre poète français Victor Hugo, que le bâtisseur de la République tunisienne récitait souvent. Ce sont les deux derniers vers de son poème « Ultima Verba », qu’il avait écrit « énoncer la valeur de l’exil, répéter le pouvoir prophétique de la poésie et enfin de dresser la statue du poète proscrit ». C’est un peu Bourguiba, l’exilé de Saint Fort Nicolas qui « s’appropriait » ces deux dernières strophe pleines de ressemblances :
J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme,
Sans chercher à savoir et sans considérer
Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme,
Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.
Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !
Aujourd’hui, il aurait fêté son 112ème anniversaire, au palais de Skanes, à Monastir. Au milieu de sa famille, ses proches et ses nombreux convives venus de tous les gouvernorats du pays pour chanter la gloire du combattant suprême. Mais il n’est plus de ce monde qu’il a quitté un jour d’avril 2000, presque dans l’indifférence totale. Toutefois, les Grands Hommes, malgré les vicissitudes de la vie et l’ingratitude des humains, ne tombent pas dans l’oubli. Leurs œuvres les ressuscitera toujours. Une quinzaine d’années après sa mort, Habib Bourguiba est toujours présent dans les esprits. Ses enfants célèbrent, chaque moment de sa vie comme s’il était là, avec eux, parmi eux qui veille sur son leg, un leg que les dures années ne sauraient effacer. Ils chantent sa gloire, se remémorent ses actions, les premiers pas d’un pays nouvellement souverain, la santé et l’éducation pour tous, la libération de la femme et ce fameux statut du code personnel qui a résisté à toutes les contre vent et marée à toutes les tentatives de sa suppression ou de sa remise en cause, ses positions vis-à-vis des grands conflits et des grandes questions internationales comme le conflit palestino-israélien et son fameux discours d’Ariha en mars 1965, la guerre froide, ses rapports avec les grandes puissances…Ou encore cette leçon administrée en direct au bouillant Moammer Kadhafi au Palmarium en 1972 et…cette ténacité à condamner Israël au conseil de sécurité suite à l’agression contre Hammam Chott en octobre 1985 et à « imposer » aux Etats Unis de ne pas opposer son habituel véto…Il étéit Jughurtha, le roi numlide, qui avait réussi.
Mais Bourguiba est aussi cet homme épris de la culture arabe et de la culture française. Il récitait le Coran et apprenait par cœur les poèmes d’ Al Moutannabi, Chebbi et d’autres. Comme il récitait Vicor Hugo, Lamartine et Alferd De Vigny. Avec son ami, l’ancien président sénégalais, Leopold Sedar Senghor, il se régalait en faisant chacun étalage de ses connaissances de la langue de Molière et en chantant des poèmes.
Aujourd’hui, ses enfants célèbrent son anniversaire et allument la toile en chantant sa gloire. Même ceux qui n’étaient pas encore nés au temps de Bourguiba, consultent dans les moteurs de recherche tout ce qui pourrait leur rendre leur fierté de Tunisiens. Tel cet accueil qu’a réservé le président américain John Kennedy à leur Président Habib Bourguiba, ou encore sa rencontre avec le gnééral De gaules et tous les grands du monde sson époque comme Jamel Abdennaceur, Josip Tito, Suharto et j’en oublie…Ils semblent faire l’impasse sur ses moments de faiblesse, ses erreurs…Les militants de gauche qui ont été pourchassés et emprisonnés par lui, comme les défunts Noureddine Ben Khedher et Mohamed Charfi, déclaraient, non sans fierté, être les enfants de Bourguiba et les continuateurs de son œuvre. Voilà qui est bien dit.
Le Combattant suprême devrait se reposer en paix.
S’il n’en reste qu’un, il est déjà celui-là !
Brahim OUESLATI