Ces Tunisiens qui font honte !
C'est dans une salle archicomble qu'a débuté jeudi 17 novembre 2016 les séances d'auditions publiques des victimes de violations des droits de l'homme commises entre 1955 et 2013. Organisée par l’Instance Vérité et Dignité (IVD), la première session a été l'occasion de donner la parole à des victimes sélectionnées sur la base de 4 critères: le type d’agression, la période historique, le critère géographique et l’approche du genre.
Ainsi pour ces débuts de séances, sept personnes ont pu étaler publiquement leurs histoires. L'événement est qualifiée d'historique par les toutes premières réactions des hommes politiques et autres personnalités nationales. Lesquelles avaient été unanimes à reconnaître le caractère exceptionnel de l’événement, condition pour mener à bon terme le processus de la justice transitionnelle.
Plus exactement, l'objectif, dans ce parachèvement du processus de la justice transitionnelle, est de révéler la vérité, toute la vérité. Condition sine qua non pour la réconciliation nationale et la préservation de la mémoire collective.
Seulement voilà, sur les réseaux sociaux, baucoup d'internautes, non soucieux des enjeux de cet événement et ignorants de sa portée véritable, se sont permis tous les écarts.
Les réactions disportionnées, maladroits et très lâches de certains Tunisiens sur les réseaux sociaux après la diffusion de la première audition publique ont heurté la sensibilité de la majorité des Tunisiens normalement constitués.
Les moqueries, le manque de respect vis-à-vis de la disparition de certaines victimes de la torture, de la souffrance d’autres victimes ou de membres de leurs familles sont inadmissibles dans un pays de droit qui se dit civilisé et respectueux de la dignité humaine.
Tout cela démontre beaucoup de HAINE vis-à-vis de ces victimes alors qu'elles devraient plutôt bénéficier de la compassion du peuple, plutot que de cette réjouissance maladive et très mal placée. Comment peut-on aller aussi loin dans le cynisme, la méchanceté en prenant du plaisir dans la souffrance des autres?
Ces gens ne semblent réaliser la gravité des cas. Pourtant, l'IVD a répertorié une trentaine de types de violations dont plus des trois quarts se rapportent aux droits humains civiques et politiques, dont les “violations graves” comme l’homicide volontaire, le viol et toute autre forme de violence sexuelle, la torture, la disparition forcée et la peine de mort sans garanties de procès équitable. Les premières auditions publiques seront consacrées exclusivement aux témoignages relatifs à ce type de violations.
Notons que quelque 60 mille dossiers ont été déposés à l’IVD à la clôture des dépôts, en juin 2016. Ce n’est donc que le début d’un long périple, qui commence par le tri et la numérisation des dossiers, pour s’achever par un éventuel jugement, le rétablissement de la vérité, la réconciliation et pourquoi pas l’indemnisation.
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