Cette "fausse" nostalgie qui nous anime !

 Cette "fausse" nostalgie qui nous anime !
 
 
Les Tunisiens ont la mémoire courte. Il a suffi que l’avocat de l’expulsé (ou l’makhlou3) monte au créneau de son protégé pour que toute l’opinion publique se retourne contre lui-même. 
 
Dans son poste Facebook du 23 novembre 2016, Mounir Ben Salha, avocat de Zine El-Abidine Ben Ali, commente le déroulement des séances publiques de l’IVD qu’il accuse de partialité. 
 
On ne peut nier l’esprit malicieux du représentant du président déchu. Il profite du sentiment de mal-être général et de cette nostalgie circonstancielle qu’éprouvent les Tunisiens pour échanger les cornes de Satan en de jolies ailes angéliques blanches et luisantes. Forcément, il faut qu’il trouve un bouc-émissaire. 
 
Alors, qui de mieux qu’Ennahdha pour jouer ce rôle, elle qui a subi des années durant une propagande destructrice qui opère jusqu’au jour d’aujourd’hui ? Que reproche-t-on exactement à ce prétendu ennemi de la Nation ? 
 
Les évènements de Bab Souika ? Mohamed Ali Ganzouî, ancien secrétaire d’État chargé de la Sûreté de l’État, a déclaré qu’il n’y a pas de preuves quant à l’implication d’Ennahdha dans ces évènements. D’autant plus que la Cour de la sureté de l’État, Cour en charge de l’affaire, est spécialisée dans les affaires purement politiques. D’ailleurs, ce genre de Cour n’existe que dans les États les plus fermés. 
 
Alors, que reproche-t-on de plus à Ennahdha ? Les évènements de Monastir ? Il fallait bien au régime du client de Maître Ben Salha un mobile pour épurer la société tunisienne de ses opposants qui n’étaient, contrairement à ce qu’on peut penser, pas si clandestins. 
 
Beaucoup de personnes très proches du pouvoir l’étaient tout autant d’Ennahdha (ou le Mouvement de la Tendance Islamique). Feu Mohamed Masmoudi, l’éminent diplomate qui nous a quittés il y a quelque temps faisait partie de ces gens-là. 
 
Lorsqu’on voit, de manière intuitive en évidence, que la tendance actuelle est en faveur d’un retour providentiel du président déchu, on commence à se poser sérieusement des questions. 
 
Si la Tunisie allait bien, pourquoi a-t-on risqué notre peau pour « dégager » l’ancien dictateur ? Pourquoi ne donnons-nous pas la chance à une formation, pratiquement la seule à avoir combattu la tyrannie durant plus de trois décennies, de montrer de quoi elle est capable ?
 
Aucune révolution ne porte ses fruits en six ans. Nous avons besoin de plus de temps pour nous redresser, pour nous habituer à ce nouveau climat politique. Ne laissons pas cette fausse nostalgie nous faire penser l’impensable.  
Belgacem Snoussi
 
 

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