Décédé le 15 juin 2000 Hédi Mabrouk Le recordman de nos ambassadeurs à Paris
Décédé le 15 juin 2000, Hédi Mabrouk est l’un des plus grands commis de l’Etat de la Tunisie indépendante. Il est l’un des rares à avoir servi dans l’administration régionale et dans la diplomatie avec un indéniable succès. Il fut aussi le dernier ministre des affaires étrangères de Bourguiba qu’il a servi avec fidélité. Lorsque la premier président de la République a été déposé, le 7 novembre 1987 Hédi Mabrouk le représentait au Sommet Arabe à Amman en Jordanie. Avec l’humilité d’un serviteur loyal de l’Etat, il prit alors sa retraite des affaires publiques. Né le 7 avril 1921 est le recordman de nos ambassadeurs dans un même poste. Nommé à Paris le 1er décembre 1973, il y est resté jusqu’en décembre 1986. Il a eu le temps de servir son pays avec une indiscutable efficacité sous trois Présidents de la République Française, Georges Pompidou, Valery Giscard d’Estaing et François Mitterrand sans parler de l’intermède d’Alain Poher. Il est après feu Moussa Rouissi, père d'un autre ancien ambassadeur à Paris, Moncer Rouissi, qui est resté en poste à Jeddah de 1962 à 1978, celui qui détient le second record de longévité dans un seul pays.
Originaire de Monastir comme Habib Bourguiba, il était un grand commis de l’Etat ayant fait ses premières armes du temps du Protectorat dans l’administration régionale avant d’être nommé chef de cabinet du ministre de l’agriculture dans le gouvernement de M’hamed Chenik. Après l’indépendance il a été nommé parmi les gouverneurs du pays, à Sbeïtla puis à Gafsa. Il fut pendant les années 1960 président directeur général de la Compagnie Tunisienne de navigation CTN. En tant qu’Ambassadeur à Paris, il s’était lié d’amitié avec tout le personnel politique français de droite comme de gauche. Il a réalisé la prouesse de faire venir deux présidents de la république successifs, Giscard d’Estaing et Mitterrand à sa résidence à l’Ambassade pour rencontrer le président Habib Bourguiba lors de ses visites dans la capitale française. Il était aussi fort apprécié par la colonie tunisienne en France.
Après Paris, il a été nommé le 15 septembre 1986 ministre des affaires étrangères pour succéder à Béji Caïd Essebsi. Le 7 novembre 1987 il n’a pas figuré dans le premier gouvernement de Hédi Baccouche formé après le « coup d’état » médical de Ben Ali. Son successeur était M. Mahmoud Mestiri. Il était à ce moment à Amman où il devait représenter la Tunisie au Sommet Arabe. Il est décédé le 15 juin 2000 deux mois après son mentor Habib Bourguiba laissant le souvenir d’un homme d’une grande culture, d’une urbanité sans pareil. Il avait l’art consommé de la diplomatie. Au milieu des intrigues de fin de règne de Bourguiba il a su composer avec les uns et les autres tout en gardant l’estime de Chef de l’Etat qu’il tenait en grande admiration.
En 2012, presque 12 ans après sa disparition furent publiées ses mémoires sous le titre : « Feuilles d’Automne » (Sud Editions). Ce livre savoureux écrit d’une plume alerte comme son auteur a été préfacé par Chedli Klibi qui reconnait en Hédi Mabrouk « un diplomate hors pair ». Dans ce livre l’auteur gratifie ses lecteurs de propos que tenant Bourguiba sur ses proches collaborateurs ( Béhi Ladgham, Hédi Nouira, Mohamed Mzali, Chedli Klibi, Mohamed Sayah) et ses contemporains(Pierre Mendés France). Il livre aussi ses souvenirs sur sa proximité avec le premier président de la république tunisienne.
R.B.R.
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