Elections: Faut-il craindre la ruée des hommes d'affaires !?

 Elections: Faut-il craindre la ruée des hommes d'affaires !?

A l'approche des élections présidentielle et législatives, le sujet de conversation qui meuble désormais le quotidien des Tunisiens reste politique. C'est désormais la ruée des hommes d'affaires sur la scène politique qui divise. Si certaines réactions sont légitimes, d'autres sont à mille lieues de l'être.

Beaucoup s'interrogent sur la présence massive des hommes d'affaires sur les listes électorales. Entre les indignations des uns, les interrogations légitimes de autres et les arguments fallacieux de certains autres, l'on comprend aisement que les Tunisiens ne sont pas sur la même longueur d'ondes en matière d'esprit démocratique.

Sur les personnalités importantes et têtes de liste aux élections législatives, l'on compterait une dizaine d'hommes d'affaires. Parmi eux Mohamed Frikha (PDG de Telnet et de Syphax Airlines) pour Ennahdha, Moncef Sellami, (président de One Tech Holding) pour Nidaa Tounes, tous les deux candidats à Sfax, la ville des affaires par excellence.

La présence des hommes d’affaires dans les listes électorales ne se limite évidemment pas au seul parti d’Ennahdha. Elle s’étend également à la majorité des formations politiques. C'est-à-dire suffisamment d'hommes d'affaires pour que les internautes se posent des questions, beaucoup de questions. Des plus légitimes aux plus maladroites.

Pour certains internautes, nombre d'hommes d’affaires qui se portent candidats aux élections législatives et présidentielle ne le font pas par conviction politique, mais juste pour sauver leur capital et se protéger du pouvoir.

Ces internautes, au lieu d'opposer des arguments de poids, continuent à s'en prendre à des partis ou des individus dont ils ne partagent pas la conviction politique. Certains hommes d'affaires, à l'instar de Mohamed Frikha, subissent depuis quelque temps un acharnement disproportionné et injustifié.

Comment expliquer cet acharnement sur le pdg de syphax airlines devenu tête de liste d'Ennahdha pour la circonscription de Sfax 2. Le plus étonnant, c'est que rien qu'avec cette candidature, certains ont trouvé le moyen de mettre en place une campagne, via les réseaux sociaux, appelant au boycott de services de la compagnie aérienne Syphax Airlines. Assez excessif quand même !

Certains internautes estiment même que sa candidature aux législatives sous la bannière Ennahdha, n'est qu'un moyen de sauver ses arrières et de chercher l’immunité parlementaire.Comme si, en tant que citoyen, il n'avait pas droit à prendre part aussi aux activités politiques et économiques du pays.

Des hommes politiques se sont aussi insurgés contre cette sureprésentation des hommes d'affaires. Le dirigeant de l’Alliance démocratique, Mahmoud Baroudi, a affiché sa crainte quant au nombre élevé de ces hommes d'affaires parmi les têtes de liste des partis politiques, ce qui, selon lui, pourrait conduire à la formation de lobbies économiques et d’intérêts.

Le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a dénoncé, pour sa part "la polarisation d'hommes d'affaires, leur instrumentalisation par des partis politiques et leur désignation en têtes des liste, dans l'intention de profiter de leur argent et statut social".

Au final, l'on est en droit de nous poser un certain nombre de questions légitimes. Les hommes d'affaires étant des Tunisiens comme les autres, pourquoi n'auraient-ils pas droit à faire de la politique? En quoi leur statut d'homme d'affaires peut-il représenter un handicap, quand on sait que des personnages semi-analphabètes, insignifiants et sans grand charisme se sont retrouvés au Bardo à discuter de choses trop sérieuses concernant le devenir de la Tunisie.

O.D.