Entre Etat et syndicats : La pérennité de la Tunisie, d’abord !
Youssef Chahed est appelé à faire face à une situation générale plus difficile que prévu dans le sens où les observateurs s’attendaient, entre autres et surtout, à une attitude plus souple de la part de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) dans le sens où elle est signataire du fameux Accord de Carthage auquel toutes les parties se réfèrent pour assurer la bonne gestion des affaires du pays dans l’étape à venir.
Or, à peine dix jours se sont écoulés depuis la prestation de serment, que les diverses formations syndicales sectorielles ont fait entendre leurs voix pour des revendications et des menaces qui mettent à mal l’ambiance sociale. Qu’on en juge !...
Au moment où le secteur du tourisme et de l’hôtellerie commence à sortir, un tant soit peu, la tête de sous l’eau que le syndicat sectoriel crie ses revendications matérielles assorties de menaces de débrayage juste après l’Aïd El Idha.
Pourtant, tout le monde est conscient des difficultés qu’endure ledit secteur avec la fermeture de plusieurs unités hôtelières, mais que nenni. La centrale exige les augmentations sous prétexte que des accords avaient été conclus dans ce sens. Dans le cas contraire, l’UGTT ne semble avoir aucun souci des retombées de pareilles menaces. Autrement dit, elle a l’air de dire que si les augmentations ne sont pas servies, que tout le secteur soit mis à genoux !
Cette démarche du « tout ou rien », a été suivie à Kerkennah où défendant des personnes en chômage pour qu’elles aient des émoluments sans rien faire, les syndicats ont amené la société de PETROFAC, joyau économique dans les Îles de Kerkennah à cesser ses activités et à quitter, probablement et prochainement la Tunisie.
On est curieux d’avoir les réactions de la Centrale syndicale à cette tournure prise par les événements, sachant qu’elle avait trouvé le moyen de déclarer qu’il ne fallait pas traiter les « casseurs à Kerkennah avec la manière forte, mais que tout se gère grâce aux négociations ».
Dans le secteur de l’enseignement, les choses ne vont pas mieux puisque les syndicats ont pris l’habitude de prendre les élèves en « otages » à chaque rentrée des classes. Pour cette année, le syndicat général de l’enseignement secondaire, conduit par Lassaâd Yaâcoubi, auteur des fameux propos « ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à aller boire l’eau de la mer », fait agiter la menace de grève générale de deux jours (pour commencer) juste quelques jours après la rentrée scolaire.
Et au moment où on s’attendait à ce que la direction syndicale au niveau national fasse raisonner les syndicats sectoriels, voilà que le bureau exécutif, réuni sous la présidence de son secrétaire général, Houcine Abbassi, rend public un communiqué incendiaire qui met davantage la pression sur l’Etat et sur le nouveau gouvernement de M. Chahed.
Ainsi, l’UGTT, à coups de mises en garde et de menaces de grèves, réclame la poursuite des recrutements dans la fonction publique, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation tout en revendiquant son association au dialogue national après l’avoir institutionnalisé tout en mettant l’accent sur l’obligation de solutionner les dossiers sectoriels et régionaux.
En lisant des positions pareilles, on dirait que la Centrale syndicales dispose de données socioéconomiques et budgétaires tout à fait différentes de celles que vient de révéler le nouveau chef de gouvernement d’union nationale.
Si ce n’est pas le cas, ce serait, alors, l’approche consistant à dire : « après moi le déluge »sans tenir compte des circonstances conjoncturelles trop spéciales En tout cas, on n’jamais entendu l’UGTT parler de production et de productivité, sans lesquelles, la Tunisie irait droit vers l’austérité, donc vers le mur ».
Et dire que les analystes mettent ces surenchères sur le dos de considérations électorales du prochain bureau exécutif de l’UGTT. On ne veut pas y croire, car ce serait très grave comme raisonnement dans le sens où l’intérêt étroit d’avoir un poste au sein dudit bureau prime sur l’intérêt national suprême de la Tunisie.
Mais l’espoir demeure grand quant à un éventuel retour à la raison avec moins d’égoïsme et plus d’humilité devant la patrie et la pérennité de l’Etat.
Noureddine HLAOUI
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