Et si l’imam Mahjoubi était marocain ou algérien aurait-il été expulsé ?
Aucune réaction officielle ou officieuse n’a été enregistrée en Tunisie après l’expulsion de l’imam d’origine tunisienne Mahjoub Mahjoubi. L’homme se trouvait en France depuis une trentaine d’années et disposait d’une carte de séjour en bonne et due forme.
Le ministère des Affaires étrangères, qui est censé défendre les Tunisiens à l’étranger, n’a pas pris la peine de commenter cette expulsion faite de façon expresse, à peine quelques heures après la constatation de l’objet du délit, à savoir des propos certes inopportuns mais qui sont à l’évidence sorties de leur contexte puisque les « drapeaux sataniques » dont il est question sont ceux de la discorde mettant en conflit les marocains et les algériens.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait le ton triomphaliste en annonçant l’expulsion mais ce haut responsable français dont le second prénom est Moussa puisqu’il est algérien par sa mère et un peu tunisien du côté de son père (un Maltais de Béja) aurait-il osé procéder à une expulsion aussi rapide si l’imam était marocain ou algérien.
S’il était marocain ça aurait été exclu puisque la France officielle fait tout pour apaiser les relations avec les autorités de Rabat qui n’ont pas jusqu’ici nommé un ambassadeur à Paris. Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné est d’ailleurs en visite de travail à Rabat à partir de ce dimanche pour normaliser les rapports de son pays avec le Maroc.
Il y a quelques jours on annonçait que la Première Dame Brigitte Macron avait accueilli au Palais de l’Elysée pour un déjeuner les trois sœurs du Roi Mohamed VI.
Avec l’Algérie, le ministre français n’aurait eu le courage de compromettre les relations entre les deux pays. On se rappelle que ce qu’on a appelé à Alger « l’exfiltration » à partir de Tunis de l’opposante fraco-algérienne Amira Bouraoui avait envenimé les relations entre les deux pays.
La visite d’Etat du président algérien Abdelmadjid Tebboune plusieurs fois annoncée puis déprogrammée n’a pas encore eu lieu. « Les conditions de cette visite ne sont pas idoines » avait d’ailleurs indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères.
Damanin aurait réfléchi plus longuement et à deux fois si l’Imam était natif d’Algérie.
La Tunisie serait-elle le maillon faible du Maghreb pour que l’on ose appliquer à ses dépens la loi immigration adoptée tout récemment ?
RBR
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