Finances publiques : Ces chiffres qui font peur
L’Assemblée des représentants du peuple a organisé, dimanche 28 et lundi 29 à Hammamet des journées d’étude parlementaires sur «les équilibres financiers face aux échéances de l’étape. Présidées par Mohamed Ennaceur, ces journées ont été marquées par la présence des présidents des groupes et des commissions parlementaires en plus d’un certain nombre de députés et d’invités. Au cours de son intervention inaugurale, Fayçal Derbel, président d’honneur de l’Ordre des experts comptables de Tunisie (OECT), a dressé un tableau noir des finances publiques. Il a affirmé que la situation actuelle est très critique puisque le déficit a atteint, au 30 juin 2016, 2.191 MDT, un niveau jamais enregistré par la Tunisie au cours de la dernière décennie. A la fin de l’année 2016, ce chiffre se situera entre 2.500 et 2.900 milliards de dinars, soit 6.5% du budget de l’Etat. Les dettes publiques ont atteint 52.144 milliards de dinars contre 41.539 en 2015. Elles représentent 59% du PIB. Cinq années en arrière, soit le 30 juin 2011, les finances publiques aveint enregistré un gain de 701 millions de dinars. Le conférencier a même lâché que la situation actuelle de la Tunisie est pire que celle qu'a connue la Grèce!
Le conférencier a ajouté que le montant global des salaires durant les six premiers mois de 2016 a atteint les 6.084 milliards de dinars, soit le même montant pour toute l’année 2010.
Les caisses sociales sont à plat avec des déficits énormes de 1.94 millions de dinars et 540 respectivement pour la CNRPS et la CNSS. Ces déficits se répercutent inéluctablement sur les équilibres financiers de la CNAM et, subséquemment, sur la qualité des soins dans les hôpitaux publics.
Derbal estime que «la maîtrise du déficit, nécessite des solutions urgentes», notamment l’élaboration d’une loi de finance complémentaire, l’accélération du processus de cession des biens confisqués, la privatisation de certaines institutions publiques qui rencontrent des difficultés, en maintenant les entreprises vitales comme la STEG et la Sonede et l’adoption d’une nouvelle taxe nationale exceptionnelle ou une participation exceptionnelle sur les bénéfices des grandes sociétés et sur les hauts revenus.
Pour l’expert-comptable, il est difficile aujourd’hui de recourir une fois de plus à l’endettement pour maîtriser le déficit public d’autant plus que le taux d’endettement public de la Tunisie a atteint un taux inégalé.
L’expert comptable a, par ailleurs, appelé l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) à accélérer l’adoption des lois économiques notamment le code de l’investissement. «En cas de non-adoption du projet de loi sur le code d’investissement, il n’est plus nécessaire de tenir la conférence internationale sur l’investissement prévue en novembre 2016 avec la participation de près de 1.500 invités et structures régionales et internationales», a-t-il averti
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