Guerre larvée entre les deux plus hauts magistrats du pays : Coup dur pour la justice tunisienne !
Les deux documents fuités du président de la Cour de Cassation, Rached Taïeb et du Procureur de la République Béchir Akremi prouvent que l’on est devant un sujet d’actualité gravissime puisqu’il met en cause la justice un des piliers de la société. Il s’agit rien de moins que d’une guerre larvée entre les deux plus hauts magistrats du pays.
D’un côté l’on a le chef suprême de la justice debout, le premier président de la Cour de Cassation la plus haute instance judiciaire qui est aussi le président de l’instance provisoire du contrôle de constitutionnalité des projets de loi faisant ainsi office de Cour constitutionnelle. De l’autre l’on trouve le chef de la justice assise, le Procureur de la République près la Cour de première instance de Tunis, la plusnimportance du pays, qui fait fonction de chef du Parquet .
Le premier porte des accusations d’une extrême gravité au second. En effet, Taieb Rached incrimine Béchir Akremi de bloquer les dossiers des deux assassinats politiques ceux de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Pour avoir été muté de son poste de Procureur de la République, Akremi, selon Rached a proféré des menaces contre la présidente du conseil de l’ordre judiciaire allant jusqu’à dire qu’il pourrait compromettre son fils dans une affaire correctionnelle.
Le président de la Cour de Cassation accuse aussi son alter-ego de cacher des dossiers pour les utiliser en cas de besoin contre ses adversaires. Ainsi il dit que lorsque le ministre de la Justice l’a chargé de réviser les dossiers des martyrs Belaïd et Brahmi il a découvert que Akrmi n’a pas pris en compte le témoignage du terroriste Ameur Belazzi qui a pourtant reconnu avoir fait disparaître les armes ayant servi dans les assassinats. Les instructions dans les deux affaires ne comportent pas les expertises techniques au sujet des deux ordinateurs saisis en relation avec les deux assassinats.
De son côté Béchir Akremi porte des accusations non moins graves contre le président de la Cour de Cassation qui est selon lui un grand corrompu ayant accru sa fortune par ce biais. Selon lui Taïeb Rached a acquis des immeubles et en a minoré les prix, de même qu’il a utilisé une personne écran à cette fin. Il en donne pour preuve les déclarations de l’ancien président de l’INLUCC selon lesquelles le président de la Cour de Cassation n’a pas actualisé la déclaration de ses biens.
Après avoir évalué la fortune de Rached entre 6 et 7 millions de dinars, il demande la levée de l’immunité judiciaire dont il bénéficie.
Akremi dit aussi que le président de la Cour de Cassation porte une lourde responsabilité dans divers arrêts pris en août 2019 et stipulant la cassation sans renvoi dans des affaires concernant le président de Qalb Tounes, Nabil Karoui.
A lire les deux textes, on est abasourdi. Si tel est le comportement des deux pontes de la magistrature, peut-on s’attendre à une justice impartiale et sereine ?
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