IACE - L’hébergement alternatif en Tunisie : Un levier stratégique sous-exploité

"L’hébergement alternatif en Tunisie : un levier stratégique sous-exploité", tel est l'intitulé du nouveau Blog publié aujourd'hui par l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE).
Alors que le tourisme tunisien reste largement dépendant du balnéaire, un segment en pleine expansion attire de plus en plus l’attention : l’hébergement alternatif. Maisons d’hôtes, gîtes ruraux, campings ou encore locations meublées connaissent une croissance rapide et répondent à de nouvelles attentes des voyageurs. Structurer ce secteur permettrait non seulement de diversifier l’économie touristique, mais aussi de dynamiser les régions intérieures et de stimuler la création d’emplois, lit-on dans cette note.
Un marché en plein essor, mais largement informel
En 2022, la Tunisie comptait entre 700 et 1 000 maisons d’hôtes. En y ajoutant les locations meublées, le total approchait les 2 000 unités. Pourtant, moins de 10 % de ces structures disposaient d’un agrément officiel. La raison : un cadre réglementaire hérité de l’hôtellerie traditionnelle, peu adapté aux petites unités, des démarches longues et complexes, et un manque d’accompagnement technique et financier, surtout dans les régions rurales. Cette informalité limite l’accès au financement et freine l’intégration de ces hébergements dans les circuits touristiques organisés.
Un potentiel économique et territorial considérable
Le segment des maisons d’hôtes et du tourisme rural pourrait générer jusqu’à 1,31 milliard de dinars de recettes annuelles d’ici 2030, contre 0,62 milliard attendus en 2025. Ses bénéfices seraient multiples :
- Atténuer la saisonnalité du tourisme ;
- Dynamiser les économies locales ;
- Valoriser le patrimoine culturel et naturel ;
- Renforcer l’entrepreneuriat, notamment des jeunes et des femmes.
Dans un contexte mondial marqué par les crises géopolitiques, la concurrence régionale et les pandémies, miser sur l’hébergement alternatif apparaît comme un moyen stratégique pour renforcer la résilience du tourisme tunisien.
Une réforme en préparation
Conscient de ces enjeux, le ministère du Tourisme a entamé une révision des cahiers des charges des maisons d’hôtes, gîtes ruraux, campings et motels. L’objectif est de clarifier les conditions de création, de simplifier les procédures d’agrément et de renforcer les normes de qualité et de sécurité.
Des pistes pour structurer le secteur
Pour transformer cette dynamique en levier durable, plusieurs mesures sont proposées :
- Elaborer un cadre réglementaire spécifique, distinct de l’hôtellerie classique ;
- Digitaliser et simplifier les démarches via des guichets uniques régionaux ;
- Créer une plateforme nationale des hébergements agréés ;
- Former et accompagner les opérateurs locaux, en particulier les jeunes et les femmes ;
- Intégrer l’hébergement alternatif dans les campagnes de promotion touristique ;
- Mettre en place un dispositif de suivi statistique et d’évaluation.
Vers un modèle plus diversifié et résilient
La structuration de l’hébergement alternatif représente une opportunité stratégique pour la Tunisie. Elle permettrait de réduire la dépendance au balnéaire, de mieux répartir les retombées économiques et de renforcer la compétitivité du pays face à ses concurrents méditerranéens. En l’intégrant pleinement aux politiques publiques, ce segment pourrait devenir un véritable pilier de la croissance touristique durable et inclusive.
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