La plus Tunisienne des actrices internationales Claudia Cardinale est décédée à l'âge de 87 ans

La plus Tunisienne des actrices internationales Claudia Cardinale est décédée, mardi, à l'âge de 87 ans à Nemours, près de Paris, a annoncé son agent à l'AFP dans la soirée. Incarnation de la beauté celle qui fut reine de beauté en Tunisie a illuminé de sa présence solaire plus de 150 films.
Née à La Goulette, symbole de la diversité dans la banlieue nord de Tunis en 1938 d'une Française et d'un Sicilien, Claude Joséphine Rose Cardinale parle français, arabe et sicilien mais c'est dans le cinéma italien qu'elle débute. Les réalisateurs n'aimant pas sa voix rauque et son accent français la feront doubler jusqu'à Fellini et son "Huit et demi" (1963).
À 17 ans, un concours de beauté qu'elle remporte sans même être candidate bouleverse sa vie : "La plus belle Italienne de Tunis" gagne un voyage à la Mostra de Venise où elle fait sensation.
"Je ne voulais pas faire de cinéma. C'est ma sœur qui voulait. Mais ils ont tellement insisté (...) que mon père a lâché", confiait-elle sur France Inter.
Sous contrat avec le producteur Franco Cristaldi, elle devient sa créature. Sur le tournage de la comédie culte du "Pigeon" (1958) de Monicelli, elle découvre qu'elle est enceinte. Elle confiera des années plus tard qu'elle a été violée. Son producteur lui impose de cacher sa grossesse. Après un accouchement dans le secret à Londres, il la convainc de confier l'enfant à ses parents : Patrick sera officiellement son jeune frère jusqu'à ce qu'elle révèle la vérité sept ans plus tard.
Elle n'a que 22 ans lorsque Visconti la fait tourner dans "Rocco et ses frères" (1960). Il lui fait peindre ses yeux en noir et lui enseigne le métier. La Cardinale le suivra partout : dans "Le Guépard" en 1963, elle crève l'écran entre Burt Lancaster et Alain Delon. En parallèle, elle tourne un autre chef d'oeuvre, "Huit et demi", de Fellini.
Elle était considérée comme un monument du cinéma des années 1960. Sauvage et garçon manqué dans sa jeunesse, cette Italienne de Tunisie naturalisée française était devenue, sans le vouloir, une star de cinéma internationale récompensée d'un Lion d'Or à Venise en 1993 et d'un Ours d'Or à Berlin en 2002.
"Elle est la seule fille simple et saine dans ce milieu de névrosés et d'hypocrites", disait d'elle Marcello Mastroianni.
Elle a joué dans le meilleur du renouveau italien (Bolognini, Zurlini, Squitieri), brillé à Hollywood (Edwards, Brooks, Leone), en France (Broca, Verneuil) et même en Allemagne avec Werner Herzog et son maudit "Fitzcarraldo".
"J'ai eu la veine de commencer dans les moments magiques du cinéma. Tous les grands metteurs en scène ont été mes maîtres et moi, je n'ai jamais appelé personne. C'est eux qui m'ont demandée", résumait-elle à 74 ans sur France Culture.
"Elle nous laisse l'héritage d'une femme libre et inspirée tant dans son parcours de femme que d'artiste", a indiqué son agent Laurent Savry dans un message transmis à l'AFP.
En 2017, le festival de Cannes avait choisi une photo de sa jeunesse pour son affiche, rendant hommage à "une comédienne aventurière, femme indépendante, citoyenne engagée".
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