Il y a 13 ans l’attaque contre l’ambassade américaine : quand Hillary Clinton envisageait l’envoi de marines à Tunis

Il y a 13 ans l’attaque contre l’ambassade américaine : quand Hillary Clinton envisageait l’envoi de marines à Tunis

Au plus fort de l’attaque contre l’ambassade américaine, le 14 septembre 2012, Washington a envisagé d’envoyer des marines pour sécuriser la mission diplomatique. Une option écartée par Tunis, qui a préféré mobiliser la garde républicaine.

Le sit-in organisé récemment devant l’ambassade des États-Unis à Tunis, pour dénoncer le génocide en cours à Gaza, a été rapidement dispersé par les forces de l’ordre. Un épisode qui a ravivé la mémoire collective : celle de l’attaque de l’ambassade américaine, il y a treize ans, en septembre 2012.

Une attaque d’ampleur inédite

Le 14 septembre 2012, des manifestants quittent la mosquée El Fath, au centre de Tunis, haut lieu du salafisme radical sous l’influence du chef d’Ansar al-Charia, Abou Iydh. Officiellement mobilisés contre le film islamophobe " Innocence of Muslims", ils se dirigent vers l’ambassade américaine, aux Berges du Lac.

La protestation dégénère rapidement. Des affrontements éclatent, des véhicules sont incendiés, l’enceinte diplomatique est envahie et l’école américaine voisine est pillée et brûlée. Le bilan fait état de plusieurs morts et de dizaines de blessés.

Clinton appelle Marzouki

Dans ce contexte tendu, marqué par l’assassinat de l’ambassadeur Chris Stevens trois jours plus tôt à Benghazi, la secrétaire d’État Hillary Clinton contacte le président provisoire Moncef Marzouki. Elle propose l’envoi de marines américains pour protéger le personnel diplomatique, craignant un scénario similaire en Tunisie.

Selon les récits postérieurs, le ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi s’oppose à toute intervention étrangère. Marzouki tranche en ordonnant le déploiement de la garde républicaine autour du site, évitant ainsi une escalade diplomatique.

Une facture salée pour la Tunisie 

Les dégâts causés par l’attaque sont considérables. L’évaluation officielle fait état de plus de 26 millions de dinars pour l’ambassade et d’environ 11 millions de dinars pour l’école américaine. En plus des indemnisations financières, la Tunisie a cédé un terrain d’une valeur de 12 millions de dinars à la mission américaine.

La justice tunisienne a poursuivi plusieurs dizaines d’accusés. En 2014, le tribunal de première instance de Tunis a prononcé des peines de un à cinq ans de prison, assorties d’amendes. Des verdicts jugés trop cléments par certains observateurs, mais qui ont marqué une étape dans la réponse judiciaire aux violences.

Treize ans après, l’attaque de 2012 reste un rappel que l’ambassade américaine demeure l’un des lieux les plus sensibles de Tunis, à la croisée de la contestation populaire et des équilibres diplomatiques.

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