Journée internationale des migrants
Le monde fête le lundi 18 Décembre 2017 la Journée internationale des migrants, qui correspond au jour de l'émission de la « Convention internationale pour la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille » le 18 Décembre 1990, et célébré par l'Organisation des Nations Unies depuis 1997.
Cette célébration coïncide avec la recrudescence du nombre de partis politiques de droite qui incitent à la haine, à la xénophobie favorisant les politiques racistes et anti-immigration envers les demandeurs d'asile et les migrants. Cela expose ces derniers à de graves violations de leurs droits fondamentaux, surtout pour les femmes et les enfants. La fermeture des frontières et l'approche sécuritaire des questions d'immigration et d'asile ont également accéléré la violation flagrante des droits humains tels que la liberté de circulation et le droit de vivre avec dignité.
Au niveau national, cette célébration concorde avec la vague de départ de milliers de jeunes tunisiens qui traversent la mer d’une façon non réglementaire vers les côtes européennes. Ceci est dû à la persistance des mêmes politiques sociales et économiques désastreuses qui n’ont eu de cesse de causer de la frustration chez les jeunes. En effet, pour eux, il n y a aucun avenir devant l’absence d’emploi, d’une vie digne et d’une justice sociale. Ceci augmente alors le désir d’émigrer même d’une façon non réglementaire, dans le but de trouver désespérément des solutions. En plus de cela la coopération entre notre pays et l'Union européenne est principalement fondée sur « l'arrêt des flux migratoires vers l’Europe » et les opérations de retour ou d'expulsion dans le cadre de la lutte contre l'immigration « non réglementaire ».
En l'absence de mesures concrètes de la part de l’Etat Tunisien pour modifier les politiques de développement économique afin de garantir le progrès, limiter l'injustice sociale et l'inégalité entre les différentes régions et réussir la transition économique et sociale, le Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux appelle le gouvernement tunisien à :
• Respecter ses obligations constitutionnelles afin de garantir le respect des droits des Tunisiens – et en particulier des jeunes – par une élaboration urgente de plans de développement pour les différentes régions de l’intérieur des terres. Ceci nécessite des mesures audacieuses dans la lutte contre la corruption, la réhabilitation de la gestion des installations publiques et le travail sur la révision des choix économiques et sociaux qui ont échoué afin de réussir une approche plus globale et ralentir le phénomène de la migration non réglementaire.
• Respecter ses obligations et répondre aux attentes des familles des personnes disparues dans le cadre de la migration non réglementaire qui ont le droit de connaître le sort de leurs enfants et de mettre un terme à cette tragédie humaine. Le gouvernement tunisien doit afficher sa volonté politique pour activer les travaux de la Commission d'enquête et des missions d'accompagnement psychologique et social des familles de disparus.
• Respecter les droits des migrants en Tunisie et réduire les violations économiques, sociales et les atteintes racistes à leur encontre, en particulier à l’égard des femmes.
• Fournir un terrain digne pour l'enterrement des corps de migrants qui accostent par la mer sur les côtes tunisiennes, tout en respectant les conditions permettant à leurs familles de récupérer leurs dépouilles après qu’ils aient été identifiés.
• Stimuler le Conseil des Tunisiens à l'étranger avec une révision de sa composition en accord avec les observations des associations qui travaillent sur la migration.
• Promulguer un cadre juridique pour la migration et l'asile en Tunisie, conformément aux exigences de l'article 26 de la Constitution et des Conventions Internationales ratifiées par l’Etat tunisien.
• Signer les Conventions Internationales (OIT) (97 et 143) sur la protection des droits des travailleurs migrants et la Convention des Nations Unies (1990) relative à la protection des travailleurs migrants et de leurs familles et de la Convention 189 de l'OIT sur les travailleurs et les travailleurs domestiques.
• Respecter les droits avec les pays européens garantis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui garantit dans son article 13 que : “Toute personne a le droit de circuler librement [...], de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.”
• Être transparent lors des négociations avec l'UE et respecter le droit des citoyens à l'information.
• Rejeter les politiques européennes qui obligent la Tunisie à accepter les politiques d'immigration inégales de l'Europe en contrepartie de l'aide au développement.
• Geler la coopération en cours avec les pays européens visant à mettre un terme à la migration non réglementaire sans proposer d'alternatives concrètes promouvant et facilitant une migration réglementaire.
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux appelle également l'Assemblée nationale à :
• Revoir toutes les lois relatives à l'immigration, notamment la loi du 3 février 2004, qui viole à plusieurs reprise les droits des migrants.
• Adopter des lois garantissant les droits des migrants en Tunisie, quel que soit leur statut juridique.
• Accélérer l’adoption de la loi soumis par le FTDES ainsi que le Comité pour les Libertés et le Respect des Droits de l'Homme (CLRDH) et le Réseau euro-méditerranéen des Droits de l'Homme sur « l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale ».
Le coût humain des politiques migratoires européennes est une véritable tragédie et reflète l'échec de ces politiques à répondre aux besoins des peuples et à leurs ambitions. Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux appelle les pays européens à :
• Abandonner les approches sécuritaires dans la gestion du dossier de la migration conformément aux normes internationales et aux exigences de la politique de bon voisinage présumée. Le Forum affirme qu'un véritable partenariat nécessite le respect et l'activation du principe de la liberté de circulation.
• La dissolution de l’« Agence européenne des garde-côtes frontières » et envisager l'élaboration de politiques fondées sur le respect des droits fondamentaux, y compris « le droit de toute personne de quitter tout pays, y compris le sien. »
• La nécessité de garantir le droit de libre circulation des personnes et pas seulement des biens, des équipements, des flux financiers et des échanges commerciaux.
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