La bataille de Bizerte revisitée lors d’une conférence historique

À la veille de la commémoration de la Fête de l’évacuation, une conférence consacrée à la bataille de Bizerte s’est tenue mardi au siège de l’Amicale des anciens de la phase supérieure de l’École nationale d’administration, réunissant historiens, militaires et témoins de cette page clé de l’histoire tunisienne.
Le contexte historique et la rencontre de Rambouillet
Dans un texte publié sur sa page Facebook, l’avocat et ancien parlementaire Adel Kaaniche a fait un compte rendu de la conférence marquée par l'exposé de Nourredine Dougui, historien spécialiste de l’époque contemporaine. L’historien a rappelé que la bataille de Bizerte fut une étape décisive du processus de libération nationale, après l’évacuation des troupes étrangères du territoire tunisien, à l’exception de Bizerte en 1958. Il a mis en lumière la rencontre de Rambouillet en février 1961 entre Habib Bourguiba et Charles de Gaulle, au cours de laquelle aucun engagement concret ne fut pris par la France pour le retrait de la base.
Dans son discours devant l'Assemblée nationale le 17 juillet 1961, Bourguiba affirmait que la Tunisie était prête à lever le blocus et éviter toute confrontation militaire si Paris montrait une intention positive. Mais De Gaulle resta silencieux.
Cette impasse et les tensions croissantes aboutirent à la rupture des relations diplomatiques entre la Tunisie et la France, renforçant la détermination tunisienne à reprendre le contrôle de Bizerte.
Chronologie : Rambouillet et la rupture des relations diplomatiques
-Février 1961 : Rencontre à Rambouillet entre Bourguiba et De Gaulle → aucun engagement français pour l’évacuation.
-17 juillet 1961 : Discours de Bourguiba devant l'Assemblée nationale→ la Tunisie propose de lever le blocus si réponse positive de Paris → De Gaulle reste silencieux.
-Juillet-Août 1961 : Échec des négociations et tensions croissantes.
-20 juillet 1961 : Rupture des relations diplomatiques entre laTunisie et laFrance.
-16-21 juillet 1961 : Bataille de Bizerte → affrontements militaires et populaires → Bizerte reste occupée par la France jusqu’en 1963, Mers el-Kébir évacuée en 1967.
Une bataille marquée par le courage et la détermination
L’historien a souligné qu’il n’y avait pas eu de réelle coordination entre les autorités politiques et militaires tunisiennes, mais que la bataille fut conduite avec courage et détermination par les forces nationales et la résistance populaire. Bourguiba avait également refusé l’intervention des troupes algériennes, souhaitant que le conflit reste exclusivement tunisien.
Le colonel Boubaker Karim a rappelé que la bataille aurait pu être remportée rapidement si les renforts français, notamment aériens et parachutistes, n’avaient pas été dépêchés.
Selon lui, la bataille de Bizerte fut avant tout une lutte populaire, portée par le courage du peuple.
La France face à Bizerte : pas prête à céder
Le général Ayad a expliqué que la France n’était pas disposée à quitter Bizerte, considérant cette base comme un enjeu stratégique et un symbole de son honneur militaire. Paris attendait que la situation en Algérie se stabilise avant d’envisager un retrait. L’accord sur la présence française à Mers el-Kébir après l’indépendance algérienne contribua à modifier la politique française concernant Bizerte.
Une épopée nationale et un symbole de souveraineté
Le général Habib Ammar a rappelé que la bataille de Bizerte représente une étape cruciale dans la construction de la souveraineté tunisienne, soulignant le rôle des commandants et des unités spécialisées, tout en regrettant que certains héros militaires aient été injustement écartés en fin de carrière pour des raisons politiques.
Entre mémoire, stratégie et hommage aux forces nationales, la conférence a permis de rappeler que la bataille de Bizerte demeure un symbole du prix payé par la Tunisie pour son indépendance et sa dignité nationale.
Traduction & développement par Esapace Manager
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