La Cinquième Commission de l'ONU, dysfonctionnelle pour la deuxième année consécutive
La cinquième commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a achevé, cet après-midi, les travaux de la partie principale de sa 69ème session par l'adoption de 19 recommandations à l'Assemblée Générale dont celles sur l'actualisation du budget 2014-2015, la retraite à 65 ans et le financement de la mission de l'ONU contre EBOLA.
La commission, qui n'a pas été en mesure de terminer ses travaux avant Noël pour la deuxième année consécutive, a été qualifiée de "dysfonctionnelle" par l'Union Européenne et d'autres délégations qui ont appelé à des méthodes de travail plus efficaces.
La Commission a revu à la hausse le budget biennal 2014-2015, réévalué à 5,56 milliards de dollars, soit une augmentation de 115,2 millions par rapport au budget adopté en décembre 2013. Les 5,2 milliards de dollars couvriront aussi, en 2015, les 35 missions politiques spéciales pour un total de 480 millions de dollars.
Si une décision de 2013 imposait le départ à la retraite à 65 ans pour toute personne recrutée après le 1er janvier 2014, la nouvelle recommandation de la Commission élargit cette mesure au personnel recruté avant 2014, « en tenant compte des droits acquis ». La date de mise en œuvre de cette nouvelle disposition sera décidée par la Commission de la fonction publique internationale (CFPI).
Alors qu’ils avaient demandé une somme de 190 millions de dollars, le Bureau de l’Envoyé spécial pour l’Ebola et la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) n’ont finalement obtenu que 104,5 millions de dollars pour leurs activités jusqu’au 30 juin 2015. Les 49,9 millions de dollars, approuvés le 7 octobre dernier, sont compris dans cette somme.
S’agissant des opérations de maintien de la paix, la Commission a recommandé à l’Assemblée générale de débloquer, pour l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015, un budget de 628,7 millions de dollars pour la Mission en République centrafricaine (MINUSCA); de 1 milliard de dollars pour la Mission au Soudan du Sud (MINUSS), et de 1 milliard de dollars pour l’Opération au Darfour (MINUAD). Elle a aussi donné son feu vert à des dépenses actualisés de 246,7 millions de dollars pour l’Opération en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de 213,6 millions de dollars pour la Mission au Libéria (MINUL), et ce, pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2014.
Compte-tenu de l’importance de la fête juive « Yom Kippour » dans la ville hôte du Siège de l’ONU, la Cinquième Commission a recommandé à l’Assemblée de demander que l’on évite d’organiser des réunions à New York et dans d’autres lieux de travail de l’ONU où le Yom Kippour est célébré. Le représentant d’Israël s’est félicité d’une résolution qui reconnaît et accommode des religions suivies par des millions de personnes dans le monde. « Et nous l’avons fait par consensus », s’est-il réjoui. Il a remercié les 32 États de la « Coalition du Yom Kippour » qui représentent plus de 900 millions de personnes dans les cinq groupes régionaux reconnus à l’ONU.
La Cinquième Commission a donc terminé ses travaux ce 29 décembre, soit deux jours avant le sursis que lui avait accordé l’Assemblée générale jusqu’au 31 décembre. Mais, a commenté la représentante de l’Union européenne, la Cinquième Commission est devenue « dysfonctionnelle ». En terminant les travaux un 29 décembre, plus tard encore qu’à la session précédente, la Commission a établi là un « mauvais précédent ». Négocier le soir de Noël, pour la seconde année consécutive, n’est pas seulement inutile mais cela participe aussi d’un manque de respect pour ceux qui « chérissent cette célébration familiale ».
Cette Commission, a prévenu la représentante, ne sera jamais capable de travailler correctement si tous les États ne prennent pas l’engagement de négocier de bonne foi. Elle s’est dite préoccupée et déçue d’avoir été forcée, une nouvelle fois, de mener les négociations finales sous la menace d’une mise aux voix. La menace de recourir au vote n’est pas le meilleur moyen de faire avancer les travaux, a confirmé son homologue des États-Unis. Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante de la Bolivie a nié que son Groupe ait menacé qui que ce soit.
Le principe du consensus est une manière ancienne et essentielle de fonctionner efficacement, car sans le consentement de tous les États Membres, du plus petit au plus grand contributeur budgétaire, la Commission ne peut faire son travail et l’Organisation court le risque d’être paralysée, a prévenu la représentante de l’Union européenne. Le temps est venu de réfléchir et de corriger les lacunes de la Commission de manière collective et responsable, a-t-elle conclu.