La constitution de la dérive
La constitution de la république tunisienne a connu, depuis l'indépendance, de multiples soubresauts. Après la première version de 1957, Bourguiba l'a modifiée pour servir "ses orientations et objectifs " et en faire "son destour". Ben Ali a fait de même. Ainsi, ceux qui prétendent être destouriens sont les premiers à ne pas respecter la constitution ! En réalité, les vrais destouriens sont ceux qui se sont sacrifiés, soutenus par les Beys, qu'il n'en déplaise aux fossoyeurs de l'histoire, en militant pour un destour tunisien à l'époque coloniale. Feu Moncef Bey en est un exemple quant à son successeur Lamine Bey, et contrairement à ce qu'on laisse entendre, a toujours été du côté du mouvement destourien et de connivence avec ses leaders dont Bourguiba, qui l'a trahi pour s'approprier le pouvoir une année après l'indépendance !
En tout cas, tôt ou tard, l'Histoire répondra à l'histoire et "qui vivra verra". Une décennie après la révolution, le pays, à cause du foutoir politique, se retrouve à la dérive et l'état est en danger de décomposition.
La constitution de la seconde république a desservi le pays. Comment? Bourrée d'obstacles, elle a freiné le processus démocratique et bloqué la constitution de structures prévues tels que l'Instance Supérieure de la Magistrature et le Conseil Constitutionnel.
L'approche avec laquelle cette constitution a été élaborée consiste, paraît il, à empêcher la reconstitution des modèles politiques de la première république. En d'autre termes, en finir, une fois pour toute, avec le régime présidentiel et parer à la main mise d'un parti sur le parlement et par conséquent, sur la vie politique et le pays.
Ainsi, on voulait se servir de la constitution pour prémunir le pays de revenir en arrière et de tourner, définitivement, la page du despotisme, du régime policier antidémocratique et asphyxiant. Sept ans après, il s'est avéré qu'il y a "un passé qui ne passe pas".
Les "azlams " ont repris du service et les soi-disant "destouriens " de la vingt cinquième heure gagnent du terrain au dépens des partis "gagnants " qui courent, visiblement, vers l'effritement. La "coalition au pouvoir" risque la discorde.
Le bilan de la gouvernance du pays, dix ans durant, est catastrophique. La conséquence actuelle de cet échec est que certaines personnes, de plus en plus nombreuses, regrettent le régime révolu! Quoiqu'en disent, Les forces "anti révolutionnaires" ont réussi à faire échouer "la révolution " en piégeant, par tous les moyens, les nouveaux venus sur l'arène politique.
Ces derniers étant novices dans l'exercice du pouvoir n'ont pas vu venir ceux qu'ils croyaient finis.
Ben Ali est parti mais pas ses adeptes et sbires, comme quoi,"Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué". Ainsi, le pays est à genoux. Que de maladresses, que d'amateurisme!
Ce retour de manivelle est dû, à mon humble avis, aux arrières pensées qui ont amené la constitution en question. Cette constitution est donc faite contre "le retour du passé" et non pour l'avenir.
Le résultat est là. On ne peut se projeter dans l'avenir tant qu'on est fixé sur le rétroviseur. La constitution qui devait mettre le pays sur une pente ascendante pour intégrer la modernité est devenue le problème.
Entre-temps, le président de la république a profité du marasme politique et de l'impopularité des partis, pour concocter avec l'incontournable centrale syndicale, la "gauche plurielle" qui lui est chère et des "forces encore inconnues", un débat national où seront débattues, entre autres, des questions autour de la constitution et du code électoral.
Alors que les autres s'entre-tuent et se jettent des assiettes à la figure, Kais Said, d'un pas ferme, avance pour aboutir à ses fins. La révolution a généré une deuxième république dont la constitution a causé des dérives insurmontables.
Cette "constitution de la dérive", au lieu de protéger la révolution et lui permettre d'atteindre ses objectifs comme prévu, a causé sa phagocytose!.
Ainsi, le peuple frustré, "ne sait plus à quel saint se fier!"
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