La culture des caniveaux..
Par Naoufel Ben Aissa
Dix ans après... toujours faute de moyens et surtout de vision, les festivals, supposés culturels et subventionnés par le ministère de tutelle, proposent de "l'attractif", du kitsch et de la variété de basse besogne qui ne sert qu'à exiter les galeries. Le culturel y est lésé et passe en second. Seule la culture de l'avilissement est rentable. Elle a envahi l'espace et squatté les scènes.
A l'image du pays, l'état de la culture, toujours 5 ème roue de la charrette, ne fait que s'aggraver. C'est désespérant à la fin!
Le patrimoine matériel et immatériel est dans un état de délabrement tel qu'on ne voit pas comment on peut y remédier et encore le préserver, le fructifier et le valoriser. Pourtant, pour un pays qui aspire à développer le tourisme et y investir sans modération, omettre de promouvoir le tourisme culturel, malgré le potentiel dont il jouit, est, disons, bizarre! Peut-être est ce encore une exception tunisienne qui dénote des limites des gens du secteur et des gouvernements successifs.
Dans le même registre, la culture a déserté les institutions scolaires et universitaires. Les maisons de culture sont en léthargie depuis l'avènement du gouvernement de Youssef Chahed et tout le pays souffre de déficit culturel.
Entre-temps et comme toujours, la corruption, le népotisme et le clientélisme continuent à ronger, dans l'impunité totale, encore plus le secteur.
L'Etat, quant à lui, continue à léser les artistes et créateurs en les privant de leurs droits dont les droits d'auteurs. En même temps, quand l'artiste veut être rémunéré, c'est le parcours du combattant!
Le chef du gouvernement, pour donner l'impression du contraire, a révélé que le ministère de tutelle est en train de "concocter " les statuts de l'artiste comme si ça va être "la poule qui pond de l'or". Comme si l'État respecte les lois et les applique!
Alors qu'en France, et à cause des retombées de la crise de la Covid sur les revenus des intermittents du spectacle, on voit apparaître "l'art de la contestation", chez nous, les artistes sont condamnés à la précarité, la mendicité, au misérabilisme, à l'inertie et à l'inhalation du gaz lacrymogène !
Les ministres chargés de la culture ne peuvent en réalité que se charger de "leur" ministère et de l'administrer. Quant à la culture, désormais asphyxiée, ce n'est fatalement qu'un leurre. Un mirage, sans plus. Pour preuve, "son" ministère est en quête de ministre ! Entre temps, la culture des caniveaux continue à sévir...
Votre commentaire