La légère reprise économique expliquée par l’ancien ministre du commerce Mohsen Hassen
Dans un statut publié sur sa page Facebook, l’ancien ministre du commerce dans le gouvernement Essid, explique les raisons de la légère reprise économique annoncée par l’INS. Le taux de croissance de 2,8% du PIB, ne s’est pas, écrit-il, « accompagnée par une reprise des investissements qui devraient garantir la croissance future ».
Selon lui, « la contre l’inflation par l’institut d’émission. Le premier rôle dans cette lutte doit revenir au Ministère du Commerce, épaulé par celui de l’Industrie, et à la Douane qui doivent assainir et réguler les marchés ».
« L’économie tunisienne a enregistré une légère reprise à la fin du 2éme trimestre de l’année en cours, le taux de croissance a atteint 2.8% et ce par rapport à la même période de l’année passée et de 0.6% par rapport au premier trimestre de la même année, où il était de 2.5%.
Cette croissance s’explique par la relance du secteur des industries manufacturières, des services marchands, et des secteurs des industries extractives.
Cette tendance est encore plus claire si on élimine du PIB les services administratifs comme le montre le tableau suivant :
Années 2013 2014 2015 2016 2017 T1-2018 T2-2018
Croissance PIB réel 2,3% 2,3% 1,1% 1,0% 1,9% 2,5% 2,8%
Croissance PIB hors Administration 1,9% 1,4% 0,8% 0,8% 2,3% 3,0% 3,1%
Ø Mais cette croissance du PIB ne s’est pas accompagnée par une reprise des investissements qui devraient garantir la croissance future. Les intentions d’investissement ont reculé après les déclarations importantes observées en 2017 suite à l’adoption des nouvelles lois sur l’investissement. Le retard observé dans l’application de ces lois et la non amélioration du climat des affaires expliquent le blocage de l’investissement privé à un niveau insuffisant pour le décollage économique.
Heureusement que la capacité de production existante dans certains secteurs, comme le tourisme et l’agriculture, permet la croissance du PIB qui a atteint 2,8% après une baisse au taux de 1% au cours de 2015-2016, niveau en deçà de la croissance démographique.
Ø Le taux de chômage est resté inchangé au cours du 2ème trimestre 2018, par rapport au 1er trimestre en se situant autour de 15.4%, avec 638.0 milles du total de la population active, contre 634.2 milles pour le premier trimestre 2018,
Le chômage touche 12,5 % des hommes, et 22,7 % des femmes. Il est en légère baisse chez les diplômés du supérieur au 2ème trimestre 2018, par rapport au 1er trimestre : 29,2 %, contre 29,3%.
Ø Les six premiers mois de l’année 2018 ont enregistré une aggravation du déficit de la balance commerciale de 8,35%. Il s’est établi à 8.164,9 millions de dinars (MD) fin juin 2018 contre 7.535,2 MD une année auparavant. En effet, les exportations ont augmenté de 26,6%, évoluant de 16.072,3 MD fin juin 2017 à 20.354,6 MD fin juin 2018. Les importations ont atteint, pour leur part, 28.519,5 MD contre 23.607,5 MD pour cette même période en hausse de 20,8%.
Ø L’évolution défavorable de la balance des paiements extérieurs au cours de l’année en cours marquée par le creusement du déficit courant, a pesé sur les réserves de change de la Tunisie pour atteindre, le 15 août 2018, un niveau de 11013 MDT, soit l’équivalent de 71 jours d’importation.
Ø la dépréciation de la monnaie continue à être préoccupante, le dinar s’échange à 3,1553 par rapport à l’euro, et à 2,7638 par rapport au dollar le 15 août 2018.
Ø Le rythme d’inflation, mesuré mensuellement par l’accroissement des prix à la consommation par rapport au même mois de l’année dernière, a baissé de 7,8% au mois de juin 2018 à 7.5% au mois de juillet de la même année.
Ce nouveau palier d’inflation a des répercussions sur la politique monétaire de la BCT qui est amenée à ajuster le taux d’intérêt de base pour éviter des taux d’intérêt réels négatifs, après déduction du taux d’inflation des taux nominaux.
Il faut cependant noter que l’augmentation du taux d’intérêt ne peut pas prétendre réduire l’inflation par les mécanismes de limitation de la demande, comme expliqué par la théorie monétariste, mais a pour but d’éviter des taux d’intérêt réels négatifs pour les épargnants en particulier.
En effet, l’inflation en Tunisie n’est pas seulement un phénomène monétaire mais a des raisons structurelles liées à l’existence d’une économie parallèle importante qui alimente la demande même en présence de contraintes monétaires par l’institut d’émission.
De même, l’écart entre demande désirée et demande observée pour plusieurs produits, gonflé par des raisons spéculatives, rend peu opérationnelle les mesures de lutte contre l’inflation par l’institut d’émission. Le premier rôle dans cette lutte doit revenir au Ministère du Commerce, épaulé par celui de l’Industrie, et à la Douane qui doivent assainir et réguler les marchés.
Ø Le déficit du compte courant de la Tunisie pourrait être jugulé grâce à des politiques économiques qui visent :
- le rééquilibrage de la balance commerciale,
- le développement des investissements étrangers,
- la hausse des transferts des avoirs des Tunisiens résidents à l’étranger,
- la modernisation du secteur touristique,
- L’instauration d’un régime de taux de change adéquat.
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