La peine de mort : Le signe spécial et éternel de la barbarie au plus haut
Victor Hugo « La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie ».
La peine de mort (ou peine capitale) est une sentence appliquée par le pouvoir judiciaire consistant à retirer légalement la vie à un humain ayant commis un crime qui est considéré comme à réprimer avec le plus de vigueur. La peine de mort est la négation même du droit humain le plus fondamental, celui de vivre, tel qu’énoncé dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, et est à considérer comme la forme ultime de traitement cruel, inhumain et dégradant.
Mais qu'est-ce donc que l'exécution capitale, sinon le plus prémédité des meurtres auquel aucun forfait criminel, si calculé soit-il, ne peut être comparé ?
Elle a été appliquée dans presque toutes les civilisations à travers l'histoire. De nos jours, presque toutes les démocraties, comme la France ou l'Allemagne et les autres pays de l’Union Européenne, ont aboli la peine de mort.
Une majorité des états fédérés des États-Unis, surtout dans le sud, ont repris cette pratique après une brève interruption dans les années 1970. Les États-Unis sont l'une des rares démocraties avec le Japon à l'appliquer. La peine capitale reste toujours très présente dans tous les pays non démocratiques.
Chez les partisans de la peine capitale, elle est conçue comme une loi divine (la Loi du Talion pour les sociétés d'origine chrétienne, ou la charia pour les musulmans).
· Condamner à mort une personne n'est pas nécessairement rendre la "justice" : il peut y entrer une composante de vengeance: on demande à verser le sang de celui qui a versé le sang. Est-ce vraiment se montrer plus humain que lui ?
· C'est une peine qui ne tolère pas l'erreur; or l'erreur, même des juges, est humaine, mais la peine de mort est définitive. Dans l'affaire du Courrier de Lyon, Lesurques fut condamné à mort et exécuté pour un meurtre qu'un autre avoua plus tard avoir commis.
· La peine de mort n'est pas toujours équitable : suivant le contexte dans lequel se déroule un procès, il arrive qu'une personne soit plus ou moins sévèrement condamnée. Des facteurs inconscients tels que le racisme de la cour, ou du jury, ou bien la fortune de l'accusé lui permettant les services d'avocats efficaces, peuvent influer l'issue du procès.
Dans son rapport annuel sur la peine de mort, Amnesty International chiffre à « au moins 1 634 » le nombre d'exécutions dans le monde en 2015, soit une hausse de 54 % par rapport à 2014. Ces exécutions, recensées dans 25 pays, sont concentrées à 89 % dans trois d'entre eux : l'Iran avec au moins 977 exécutions, le Pakistan avec 326 et l'Arabie saoudite avec au moins 158. Viennent ensuite les États-Unis (28). Les exécutions de condamnés à mort atteignent leur plus haut niveau depuis 1989.
Comme d'habitude, ces chiffres n'englobent pas la Chine où ce type de statistiques est classé secret d'État. Mais selon Amnesty, ce pays, où « des milliers » de personnes seraient exécutées chaque année, « reste le premier bourreau mondial ».
La hausse des exécutions que nous avons observée l'année dernière est profondément inquiétante. Le nombre des exécutions judiciaires en 2015 a été le plus élevé de ces 25 dernières années. L'Iran, le Pakistan et l'Arabie saoudite ont fait exécuter un nombre impressionnant de condamnés à mort, à l'issue bien souvent de procès d'une iniquité flagrante. Ce massacre doit cesser », a-t-il demandé.
En Arabie saoudite, au Pakistan et en Iran on fauche sans compter
Depuis l'accord historique sur le nucléaire conclu en juillet, l'Iran est engagé dans « d'intenses efforts diplomatiques » avec les grandes puissances occidentales, mais « les droits de l'homme ont été complètement laissés de côté. ». Au Pakistan, le moratoire sur la peine capitale en vigueur depuis 2008 a été levé à la suite de l'attaque perpétrée par des talibans dans une école de Peshawar en décembre 2014. Quant à l'Arabie saoudite, environ la moitié des personnes exécutées depuis le milieu des années 1980 sont des étrangers. Ce sont généralement des travailleurs migrants (...) qui ne parlent pas l'arabe et ont encore moins de chances d'avoir un procès équitable. »
Une majorité d'États abolitionnistes
Heureusement, les États qui procèdent à des exécutions sont minoritaires et de plus en plus isolés. Les autres ont pour la plupart renoncé à la peine capitale et, en 2015, quatre nouveaux pays ont complètement retiré ce châtiment barbare de leur législation. L'année dernière, la République du Congo, les îles Fidji, Madagascar et le Suriname ont aboli la peine capitale, si bien que le monde compte maintenant une majorité d'États abolitionnistes (102), relève Amnesty. L'organisation comptabilise un total de 140 pays abolitionnistes dans leur législation ou dans les faits, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas procédé à des exécutions au cours des dix dernières années.
« Malgré l'augmentation choquante des exécutions en Iran, au Pakistan et en Arabie saoudite, la tendance mondiale sur le long terme est à l'abolition de la peine de mort », souligne Amnesty dans son rapport, rappelant que lorsque l'organisation a commencé à faire campagne contre la peine capitale, en 1977, seuls 16 pays l'avaient abolie. Pour ce qui est des condamnations à mort en 2015, Amnesty en a recensé « au moins 1 998 dans 61 pays », soit beaucoup moins qu'en 2014 (au moins 2 466 dans 55 pays). « Mais cette diminution est en partie due aux difficultés rencontrées par Amnesty International pour confirmer les données dans plusieurs pays, dont l'Iran et l'Arabie saoudite », regrette l'organisation.
Ces condamnations sont par exemple prononcées pour meurtre, affaires de drogue, adultère, viol, apostasie, kidnapping, insultes au prophète de l'islam ou encore pour des infractions liées au terrorisme, énumère l'organisation. Selon Amnesty, au moins 20 292 personnes étaient dans le couloir de la mort à la fin de l'année dernière.
En Tunisie, malgré les efforts des abolitionnistes la nouvelle Constitution tunisienne autorise l’application de la peine capitale. Le parlement tunisien a voté en 2015 à la quasi-unanimité une loi prévoyant la peine de mort pour les personnes jugées coupables de terrorisme après les attentats terroristes de Sousse. Mais il ne faut pas s’avouer car il faut rappeler les avancées considérables de la Tunisie sur la question de la peine de mort : aucune exécution depuis 1991, vote en décembre 2012 en faveur de la résolution de l’ONU pour un moratoire universel sur les exécutions, peines de mort commuées en peine de prison à perpétuité. Pour réussir dans cette tâche exaltante et humaniste, il est crucial de propager les valeurs abolitionnistes le plus largement possible dans les couches populaires et dans les programmes scolaires.
La peine de mort est contraire à ce que l'humanité depuis deux mille ans a pensé de plus haut et rêve de plus noble. Victor Hugo écrivait « La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie ».
Aussi je ne connaitrai pas de but plus élevé, plus saint, plus auguste, que celui-là : concourir à l'abolition de la peine de mort.
Abdessatar Klai
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