« la Tunisie connaît une hégémonie de la société sur l'Etat »
L'absence de l'Etat et la faible présence des partis politiques et de la société civile seraient à l'origine de la montée des violences et de la dérive
sécuritaire dans différentes régions du pays, a expliqué un expert tunisien.
Selon le sociologue Mohamed Jouili « la Tunisie connaît aujourd'hui une hégémonie de la société sur l'Etat » qui, a-t-il estimé, faisait auparavant usage « de la violence et de la répression » pour organiser la vie publique et avait un droit de regard sur tout ce qui concerne l'individu et les appartenances familiales ou tribales.
Les violences qui ont ensanglanté certaines régions, a estimé M. Jouili, sont la résultante d'un vide qu'occupait l'Etat au moyen de son bras sécuritaire mais aussi politique représenté par le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD, dissous).
Dans son analyse, M. Jouili soutient que les structures sécuritaires et celles du parti avaient la charge du maintien des équilibres dans les régions. Elles intervenaient pour identifier les appartenances ou encore pour la distribution des rétributions et des responsabilités, a-t-il soutenu.
Le retour du régionalisme et du tribalisme s'explique, estime M. Jouili, par la peur des citoyens face à l'absence de l'Etat et de ses structures sécuritaires et judiciaires mais aussi en raison des appréhensions face à l'incapacité des partis politiques et de la société civile à occuper ce vide et à proposer des solutions alternatives.