La veuve de Fathi Bayoudh: "Mon fils voulait échapper à Daech et revenir, il a découvert que c'était des monstres"
Dans une interview accordée à l'AFP, la veuve de Fathi Bayoudh, décédé le 28 juin dans le triple attentat terroriste de l'aéroport Atatürk d'Istanbul, raconte la souffrance de sa famille depuis le départ de leur fils Anouar pour combattre dans les rangs de l'organisation terroriste Daesh.
C'est au moment où le général brigadier Fathi Bayoudh attendait son épouse qui devait arriver de Tunis à Istanbul pour aller chercher leur fils de 26 ans, parti en Irak puis en Syrie que le drame se produisit.
"Après avoir quitté Daech, mon fils (qui n'était pas pratiquant mais poli et respectueux) voulait échapper à ce groupe et revenir en Tunisie. Il a découvert que c'était des monstres", a lancé la mère Saîda. Visiblement, Anouar a été victime d'un lavage de cerveau, comme nombre de jeunes du quartier de l'Ariana.
Selon la maman, tout a basculé en octobre dernier, lorsqu'Anouar a pretexté aller en Suisse pour un stage, alors qu'en réalité il avait l'intention de se rendre en Irak pour combattre avec Daesh. C'est ainsi donc qu'il quitta le pays accompagné de sa fiancée.
Après avoir suivi un temps des études de médecine, sans travail, Anouar "se lance dans un nouveau projet et s'inscrit dans une faculté privée", raconte Saida.
Et la maman de poursuivre: "Sa fiancée, Farah, a appelé mon mari au début du mois suivant pour lui dire que ce n'était pas la peine de les chercher, qu'ils allaient bien. Et quelques jours plus tard, notre fils nous a appelé pour dire qu'il était en Irak et qu'il avait été chargé par Daech de s'occuper des blessés ".
S'étant rendu compte des horreurs que commettent les membres de l'organisation, le jeune Anouar s'est tourné vers son père pour lui demander de l'aide au grand soulagement du couple. C'est ainsi que Fathi Bayoudh allait et venait depuis deux mois entre Tunis et la Turquie avec la ferme intention de le sortir de ce bourbier.
Pourtant, selon la maman, le jeune Anouar n'était même pas religieux: "Il ne faisait même pas la prière de façon régulière. Mais c'était quelqu'un de bien, de poli et de respectueux", assure-t-elle.
"Il avait très peur de ces gens-là. Dans ses messages à son père, Anouar les qualifiait de monstres et nous disait que Daech, ce n'était que de l'arnaque", assure encore Saida.
Depuis octobre, cette femme au visage aminci affirme avoir subi deux malaises cardiaques. Son mari avait lui perdu 20 kilos, mais n'avait jamais cessé d'exhorter son fils à rentrer, insiste-t-elle.
Anouar s'est rendu à l'armée libre syrienne et leur a dit vouloir retourner en Tunisie. Il est resté en incarcération environ deux mois. Durant cette période, son père, en congé sans solde, était en Turquie pour tenter de trouver les moyens de le rapatrier. 24 heures avant l'attentat, Fathi Bayoudh a su que Anouar était en Turquie et qu'il allait enfin retrouver son fils. Selon la mère, Anouar ignore encore le décès de son père.(avec AFP)
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