La violence contre les enfants coûte 2,6 milliards de dinars à la Tunisie

Une étude réalisée par le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées, avec le soutien de l’UNICEF, a estimé que la violence contre les enfants en Tunisie a un coût économique de 2,6 milliards de dinars, soit l’équivalent de 1,9 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.
L’étude, qui repose sur une méthodologie internationale adaptée au contexte tunisien, a pris en compte les coûts liés à plusieurs secteurs, dont la santé, la justice, la protection sociale, ainsi que les pertes en capital humain. Elle a également évalué les conséquences à long terme de la violence, notamment la baisse de la productivité et la dégradation de la qualité de vie.
Selon les résultats de cette étude, la violence psychologique à l’encontre des enfants représente un coût de 1,4 milliard de dinars. Les garçons sont les plus touchés, étant davantage exposés à certaines formes de violence. Par ailleurs, la Tunisie figure parmi les pays les plus affectés de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) où les méthodes éducatives violentes sont encore courantes.
Selon une enquête sur les indicateurs multiples (MICS) réalisée par l’Institut National de la Statistique en 2023, huit enfants sur dix âgés de 10 à 14 ans sont victimes de méthodes éducatives violentes au sein de leur famille. De plus, plus de trois enfants sur cinq subissent des châtiments corporels, tandis que plus de trois enfants sur quatre sont victimes de violence psychologique.
L’UNICEF a souligné que ces pratiques violentes ont des conséquences graves et durables sur le bien-être physique, mental et émotionnel des enfants. Elles contribuent à perpétuer des cercles de violence et de vulnérabilité jusqu’à l’âge adulte, et affectent la société dans son ensemble, menaçant la cohésion sociale et la stabilité économique du pays.
Lors de la présentation des résultats de cette étude, le représentant par intérim de l’UNICEF en Tunisie, Silas Rabold, a insisté sur l’importance de l’investissement dans des programmes de prévention. “Chaque dinar investi dans la prévention permet d’éviter des coûts sociaux et économiques bien plus importants à l’avenir”, a-t-il déclaré. Il a également souligné la nécessité de renforcer les systèmes de protection sociale, d’améliorer le soutien aux familles vulnérables et de réduire les facteurs de risque tels que la pauvreté, l’exclusion sociale et la pression parentale.
L’UNICEF appelle à une action multisectorielle et coordonnée pour intégrer la prévention de la violence dans les politiques éducatives et sociales du pays. Il est urgent de mettre la prévention de la violence au centre des priorités nationales afin de garantir à chaque enfant en Tunisie un environnement protecteur et favorable à son développement.
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