« La voix de Hind Rajab » de Kaouther Ben Hania : Quand le cinéma porte un message fort et une voix qui résonne

 « La voix de Hind Rajab » de Kaouther Ben Hania : Quand le cinéma porte un message fort et une voix qui résonne

 

La voix de la petite fille de Gaza, Hind Rajab qui avait appelé en vain le Croissant Rouge palestinien à venir la secourir alors que le véhicule dans lequel elle se trouvait avec les siens avait été criblé de balles par l’occupant sioniste s’est peut-être tue, mais la frêle fillette n’a jamais été aussi présente et sa voix fluette ne s’éteindra jamais.

Par la magie du cinéma, la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania l’a rendue encore plus audible. Le film qui a ému et bouleversé jusqu’aux larmes tous ceux qui l’ont vu, a créé l’événement au Festival la Mostra de Venise où il a raflé les prix dont le Lion d’Argent, ainsi que six des huit prestigieux prix de la Section parallèle.

Raconter le calvaire

La docu-fiction qui raconte le calvaire de la petite fille palestinienne de cinq ans, tombée en martyr à Gaza au début de 2024 est basée sur la conversation téléphonique qu’elle avait eu avec le Croissant rouge palestinien qu’elle appelait au secours alors que les autres occupants du véhicule où elle se trouvait avaient succombé à leurs blessures après avoir été visés par la soldatesque sioniste.

Certes comme l’a dit la réalisatrice en recevant le Lion d’Argent à Venise, le cinéma ne peut ramener Hind à la vie, ni effacer les atrocités commises contre elle, mais « le cinéma peut préserver sa voix car son histoire n’est pas que la sienne. C’est celle tragique de tout un peuple, un peuple souffrant d’un génocide infligé par un gouvernement israélien criminel qui agit avec impunité », a-t-elle insisté.

Dans son film Kaouther Ben Hania a utilisé les vrais enregistrements des appels à l’aide de la petite fille qui se passe intégralement dans le centre d’appels des secours. Cette voix avait ému l’opinion publique internationale, lors de la diffusion des enregistrements dans la presse.

À l’époque, la réalisatrice tunisienne dit avoir ressenti « beaucoup de colère, beaucoup de désespoir, mais aussi un sens de “qu’est-ce que je peux faire ?” ».

La plus longue standing ovation

La projection du film à Venise à laquelle a assisté le couple hollywoodien Joaquin Phoenix et Rooney Mara, tous deux producteurs exécutifs, a laissé la salle en larmes et a été accueillie par 23 minutes d’applaudissements, la plus longue standing ovation jamais réservée à une œuvre cinématographique. La grande star du cinéma américain Brad Pitt, qui a vu le film, a lui aussi décidé d’apporter son soutien, comme Jonathan Glazer, réalisateur oscarisé de « La zone d’intérêt ». Ils ont aussitôt fait l’objet de menaces, selon la réalisatrice. Le film a déjà été choisi pour représenter la Tunisie aux Oscars 2026. Le long-métrage doit sortir le 17 septembre en Tunisie mais aucune date n’est encore prévue en Europe. Aux États-Unis il n’a pas encore de distributeur.

Une résonance criante avec l’actualité brûlante

Malgré une critique unanimement favorable, une résonance criante avec l’actualité brûlante qui se joue à Gaza… Le Lion d’or aurait dû revenir en toute logique à La Voix de Hind Rajab, estiment les esprits libres. On ne peut néanmoins s’empêcher de penser que cette deuxième place manque de cohérence. La plus haute récompense a été accordée au film “Father Mother Sister Brother” dont le casting est le plus pléthorique a-t-on dit.

Le film de Kaouther Ben Hania entame une carrière qui sera, sans nul doute, semé. L’occupant sioniste sait qu’il fera parler de lui dans l’offensive médiatique contre une guerre génocidaire qui n’a trop duré et que ses initiateurs veulent mener jusqu’à pousser la population de Gaza, forte de plus de deux millions d’âmes à un exode forcé.

Un film qui vient à point nommé

L’effet dévastateur de ce film pour l’image d’Israël et contre sa guerre inique qui cible une population innocente formée essentiellement de femmes et d’enfants qu’on affame et assoiffe et dont on bombarde les maisons et même les quelques campements où elle se réfugie rend cette carrière problématique, l’occupation mettant tout en œuvre pour y faire échec.

En effet, le film de Kaouther Ben Hania vient à point nommé pour galvaniser l’opinion publique partout dans le monde contre la politique génocidaire à l’endroit de la population gazaouie. La voix de Hind Rajab retentira comme un appel et un rappel, un appel au secours d’une population qui n’est plus en mesure de supporter les souffrances qu’elle endure depuis deux ans et un rappel du sacrifice d’une fillette de cinq ans qui a payé de sa vie les affres d’une guerre qui prend les enfants et les innocents pour cible.

L’entité sioniste fera tout pour éteindre « la voix de Hind Rajab » que le film de Kaouther Ben Hania cherche à rendre encore plus tonitruante. Du reste le cabinet de Netanyahu qui se réunit désormais sous terre dans un endroit secret n’a pas attendu la projection du film pour s’efforcer à trouver la parade. Ainsi, apprend-on que le gouvernement sioniste a conclu un contrat de 45 millions de dollars avec Google pour minimiser la crise humanitaire à Gaza, selon un article publié par Drop Site News. Le contrat, décrit Google comme une « entité clé » dans le soutien à la stratégie de relations publiques de Netanyahou, a rapporté le média. Depuis lors, des publicités pro-sionistes ont été largement diffusées, notamment une vidéo YouTube vue plus de 6 millions de fois, en grande partie grâce à des promotions payantes.

C’est l’honneur d’une Tunisienne (quand bien même les Français lui accolent la franco-tunisienne pour mieux exploiter son image) d’avoir fait ce film et d’avoir porté le message d’une Palestine qui existe, parce qu’elle élève la voix, fut- elle celle d’une fillette qui a payé de sa vie, la voie vers une existence qui finira par s’imposer.

RBR

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