Le DG du CNPTO : les greffes repartent à la hausse mais trop de Tunisiens s'y opposent encore

Le DG du CNPTO : les greffes repartent à la hausse mais trop de Tunisiens s'y opposent encore

 

Le Centre national pour la promotion de la transplantation d'organes (CNPTO) aspire, au cours des prochaines années, à atteindre un million de Tunisiens inscrits comme donneurs sur leur carte d'identité nationale, de manière à répondre aux besoins croissants en matière de transplantation d'organes.

Dans une interview accordée, jeudi, à l'agence TAP, à l'occasion de la Journée mondiale du don d'organes qui correspond au 17 octobre, Jalel Zayadi, directeur général du centre, a déclaré "la Tunisie compte, aujourd'hui, 15 mille donneurs, un chiffre qui ne répond pas aux besoins au vu des longues listes d'attente pour la transplantation d'organes".

Le directeur du centre a démenti l'existence de trafic d'organes en Tunisie, soulignant la nécessité de réviser le cadre juridique régissant les dons et les transplantations d'organes, en tenant compte des avancées technologiques observées à l'échelle mondiale.

Voici le texte de l'interview :

Question : A l'occasion de la célébration de la Journée mondiale du don d'organes, comment évaluez-vous le système du don d'organes en Tunisie ?

Pour évaluer le système de transplantation d'organes en Tunisie, il est essentiel de le comparer aux pays voisins ou aux autres pays africains. De ce point de vue, la Tunisie occupe une position relativement favorable. Le taux de donneurs demeure, cependant, faible n'atteignant que deux donneurs pour un million d'habitants, comparé aux pays développés, tel que l'Espagne où le nombre de donneurs dépasse 50 par million d'habitants et la France qui en compte 25 pour un million d'habitants.

Question : Quelles sont les organes qui peuvent être données par une personne en état de mort cérébrale ?

donneur en mort cérébrale ou mort encéphalique peut donner un ou plusieurs organes, principalement le cœur, les poumons, le foie et le pancréas. La transplantation de pancréas est une intervention de chirurgie majeure qui n'a encore jamais été réalisée en Tunisie. Entre le moment où l'organe est prélevé et le moment où il est greffé, il ne faut pas dépasser 4 heures pour un cœur, 8h à 10h pour un foie, 6 à 8 heures pour un poumon et peut atteindre 24 pour un rein. Ces délais sont des moyennes qui dépendent de l'état de l'organe.

Question : Combien d'opérations ont été effectuées par le Centre ?

Pour la greffe du cœur, depuis la première opération faite en 1993, 50 greffes de cœur ont été effectuées réparties entre l'hôpital militaire (17), l'hôpital universitaire Rabta (31) et l'hôpital universitaire Sahloul à Sousse (2). La liste d'attente pour la greffe de cœur comprend 40 patients, dont le plus jeune est âgé de 4 ans et le plus âgé est de 69 ans. Pour la greffe de foie, 74 opérations ont été effectuées depuis 1998. Cinquante personnes sont sur la liste d'attente. Pour la transplantation rénale, 3000 opérations ont été effectuées en Tunisie depuis 1986. Environ 1600 personnes sont sur la liste d'attente.

Question : Et pour la greffe de la cornée ?

Pour la greffe de la cornée, la liste d'attente est longue. Environ 1900 personnes sont en attente d'une greffe. Question : Y- a-t-il des solutions qui remplacent l'organe humain dans l'opération de transplantation? Oui, il y a d'autres solutions à l'instar d'utilisation d'appareils mais ce moyen est trop coûteux et n'a pas la même qualité que l'organe transplantée. Les recherches scientifiques sont actuellement axées sur la possibilité de transplanter d'organes animaux sur l'homme.

Question : Combien de personnes détiennent le statut de donneur en Tunisie ?

A-t-on observé une évolution au cours des dernières années ? La Tunisie compte actuellement environ 15 000 personnes ayant le statut de donneur, contre 13 000 il y a trois ans. Cependant, ce nombre reste insuffisant pour répondre à tous les besoins, notamment en raison des longues listes d'attente de personnes atteintes de maladies nécessitant une greffe d'organe. Nous aspirons, à travers des campagnes de sensibilisation, à atteindre environ un million de personnes ayant ce statut sur leur carte d'identité, afin de pouvoir parler d'un nombre de donneurs suffisant.

Question : Face à la réticence des Tunisiens, pensez-vous pas que cet objectif nécessite plus d'effort de sensibilisation ?

Effectivement, de nombreuses familles tunisiennes refusent de donner les organes de leurs proches en état de mort cérébrale en raison de croyances sociales et religieuses erronées, ce qui nécessite un grand effort de sensibilisation. Je pense que sensibiliser les Tunisiens à l'importance du don d'organes, et au fait qu'il contribue à sauver des vies, est une responsabilité majeure. C'est un projet de société auquel doivent participer toutes les parties prenantes. Les structures publiques comme les ministères de la Santé, de l'Intérieur, des Affaires religieuses, ainsi que le ministère de l'Éducation, qui devrait inclure des matières éducatives favorisant la culture du don, sont directement concernées, sans toutefois, omettre la société civile et l'ensemble des citoyens.

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