Le management en Tunisie: Il est temps de changer de méthodes
Plusieurs observateurs, gestionnaires, écrivains ou chercheurs ... considèrent le terme anglais management comme un ‘ART’, et qui dit art, dit un artiste. Lorsqu’on s’intéresse de près aux entreprises, ministères, sociétés ou toute entité dans laquelle on pratique la gestion, on peut remarquer deux cas: un premier cas où on trouve cet art et LES artistes qui l’assurent. Un deuxième cas qui est, bien évidemment, l’absence complète de cet art.
Il faut aussi souligner qu’on peut trouver dans les entreprises tunisiennes des managers qui échouent dans l’exécution de leurs jobs puisqu’ils n’assurent pas les tâches nécessaires pour la mise en œuvre des moyens humains et matériels de l’entreprise afin de lui permettre d’atteindre ses objectifs.
A l’image de ce qui se passe dans les entreprises publiques particulièrement et même dans les petites et moyennes entreprises privées dans lesquelles on n’adopte pas les règles de la bonne gestion permettant d’atteindre les objectifs.
Tous les sondages faits pour mesurer le degré de satisfaction des citoyens de la qualité du service ou du travail dans les entreprises tunisiennes particulièrement publiques sont là pour prouver à quel point les performances sont faibles à cause essentiellement de la mauvaise gestion.
Ce qui nous pousse à se demander sur les raisons de cette mauvaise gestion ? Pour répondre à cette question, faisons une comparaison entre la Tunisie et le Japon, un pays dont on parle beaucoup ces dernières années et qui est considéré comme un modèle de perfection dans le travail.
Dans ce pays, durant les premières années du cycle éducatif, les enseignants mettent l’accent sur le développement des compétences culturelles et inculquent aux élèves les valeurs du travail et le sens de la réussite, et ce, dans le cadre d’un programme pédagogique par objectifs.
En Tunisie, les conditions de l’enseignement se sont rétrogradées, le niveau des enseignants s’est totalement dégradé et certains parmi eux n’ont plus de respect pour leur noble mission dans la construction des générations futures.
A cela s’ajoute le problème du contenu du système qui est imposé par le ministère qui est en général faible ou non adapté.
C’est pour cela que le niveau de notre enseignement ne cesse de se dégrader et que nos universités n’arrivent plus à se positionner même avec les universités des pays africains.
Ceci a fait que les universités tunisiennes sont désormais à des siècles lumières ou presque par rapport aux universités prestigieuses, telle que celle de Harvard, et sa voisine MIT (Massachussetts Institute of Technology) reconnues par la qualité de leurs enseignements, par leurs disciplines, leurs éthiques, … Deux écoles modèles de très hautes qualités destinées principalement aux génies.
Des écoles où les étudiants sont responsabilisés dès le début puisqu’ils ont la liberté de choisir leurs classes et leurs professeurs avec tout ce que cela implique comme bienfaits.
D’ailleurs, même les professeurs dans ces universités qui sont très loin des nôtres ; sont d’un niveau exceptionnel et accordent l’intérêt nécessaire pour soutenir les étudiants dans leurs recherches.
De plus, le système n’exige pas seulement l’évaluation des étudiants, mais ces derniers ont aussi la chance d’évaluer leurs professeurs. Dans une procédure de responsabilisation parfaite.
Pour revenir aux différences de management entre les entreprises tunisiennes et les entreprises japonaises, il faut préciser que les managers de ce pays favorisent toujours le travail en équipe et axent leur travail sur les valeurs d’appartenance, de solidarité, de partages, et de succès.
D’ailleurs les déjeuners et les pauses-café se passent entre collègues, car ils servent à partager ces valeurs et à consolider l’harmonie au sein du groupe. Cette harmonie est de nature à améliorer l’ambiance du travail et à permettre aux membres de n’importe quel groupe de finir leurs travaux dans les délais fixés.
Tandis qu’en Tunisie les employés sont très peu efficaces. Absentéisme, travail effectif très limité durant les heures de travail, manque de rentabilité, revendications ; sont autant de facteurs qui font que les entreprises sont très peu performantes dans notre pays.
Pire, dans beaucoup de cas, elles sont obligées de payer des salaires sans avoir une rentabilité minimale en contrepartie. C’est pour cela qu’il est grand temps d’appliquer les bonnes méthodes de gouvernance et de management dans les entreprises tunisiennes afin de leur permettre d’atteindre leurs objectifs et de devenir plus performantes dans un marché très concurrentiel.
Mohamed Ali Soula (ISG de Tunis)
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