Le Nord-Ouest est-elle une région stérile en compétences ?
A la lecture de la composition du nouveau gouvernement de Habib Jemli, nous nous retrouvons toujours devant cette situation qui dure depuis 1956. Nous constatons que le Nord-Ouest est toujours la région la plus oubliée et sacrifiée à chaque annonce d’un nouveau gouvernement ? Aucun ministre du Nord-Ouest parmi la nouvelle équipe. Quatre gouvernorats complétement oubliés de la carte !
Le Nord-ouest qui regroupe quatre gouvernorats, le Kef, Jendouba, Béja et Siliana est soit environ 10,4% de la superficie totale du pays, il assure 60% de la production céréalière nationale, renferme 75 % des réserves d’eau et dispose de 40% de des ressources forestières du pays. Des richesses naturelles qui font de la région, « le château d’eau, le grenier et le poumon de la Tunisie »
Mais le nord-ouest tunisien n’est pas qu’une terre agricole, un barrage et une carrière à ciel ouvert. Cette région dispose aussi d’un patrimoine culturel et archéologique exceptionnel : Dougga, Ain Tounga, Chemtou, Bulla-régia, la Kasbah, Jugurta, Jama, Misti, Testour, El Mdeyna…
Le Nord-Ouest est une région riche, oubliée depuis longtemps par le pouvoir central est aujourd’hui, une région au bord du désespoir.
En 2014, nous constatons que le Nord-Ouest qui a, massivement pour BCE avec près de 80% pour le Kef, soit le plus grand score obtenu, était toujours la région la plus oubliée et sacrifiée à chaque annonce d’un nouveau gouvernement ? On a eu une petite consolation pour Siliana avec Latifa Lakhdar, ministre de la culture (l’enfant le plus pauvre de budget), un strapontin pour le Kef avec Majdouline Charni, Secrétaire d'Etat chargé du dossier des martyrs et des blessés de la Révolution, Jendouba avec Benaissa Abidi, Secrétaire d'État à l’Environnement (l’une des dernières priorités de ce pays) et Béja complètement oubliée.
En 2019, le fondateur de Nessma TV Nabil Karoui., candidat de Qalb Tounes a fait ses meilleurs scores dans le Nord-Ouest, aussi bien au premier qu’au second tour de la présidentielle : Kef 43,6%, Béja, 41 % ; Jendouba, 39 %. Pour remercier ses électeurs, il n’a proposé aucun candidat du Nord-Ouest à Habib Jemli. En plus son parti a obtenu le plus grand nombre de sièges dans cette région.
4 gouvernorats et zéro compétence à proposer est une aberration indescriptible. Une terre riche seulement par son sol et sous-sol et ses humains sont nuls à pleurer ainsi ils ont décidé.
L’absence des compétences du Nord-ouest dasns les postes politique de décision
La question qui nous interpelle tous et qu’on aimerait poser au nouveau Président soi-disant porte-parole des régions déshéritées et au Chef de gouvernement Habib Jemli désigné est la suivante : avez-vous, vraiment, tenu compte de la représentativité des régions dans ce gouvernement ? Avez-vous tenu vos promesses de la campagne électorale ou vous nous répétez à la longueur des discours que le futur gouvernement tiendra compte de la représentativité des régions et de la bonne place réservée aux femmes ? La réponse est Non franchement non vu la composition annoncée.
Certains me rétorqueraient déjà que les membres de gouvernement, contrairement aux élus, ne représentent pas leurs régions. Je répondrai et personne ne pourra me contredire que les régions qui souffrent de sous-développement et de chômage sont celles qui n’ont pas souvent été représentées au sein des gouvernements successifs depuis 1956 jusqu’à ce jour. La « révolution » n’a rien changé à la donne. Je ne dispose pas de statistiques mais des gouvernorats comme le Kef, Jendouba, Béja, Siliana, n’ont délégué, tous ensemble, qu’une poignée de ministres durant les 63 ans d’indépendance sont celles qui sont restées à la traîne du développement économique et social. Et puis chaque ministre nommé à un poste fait souvent appel à des cadres parmi ses connaissances et souvent issus de la même région que lui pour le seconder.
La patience a des limites
Une question récurrente qui m’a toujours interpellé : Cette région du Nord-Ouest est-elle devenue si stérile pour ne pas fournir de cadres susceptibles d’être nommés à de hauts postes ? Le malheur c’est que ces disparités touchent également les autres postes de responsabilité comme les ambassadeurs, les gouverneurs, les PDG voire les directeurs généraux de l’administration centrale.
On nous demande de soutenir ce gouvernement avant de le juger. Allons donc ! On ne fait que ça depuis longtemps mais la patience a des limites. Nous nous sommes toujours retrouvés à la traine. Continuer à se faire avoir tout le temps en ne critiquant pas cette injustice qui frappe notre région est un crime contre l’intérêt général du pays.
Franchement cette pratique qu’on croyait qu’elle allait disparaitre suite aux différentes élections à la peau dure et perdure en oubliant à chaque nomination d’un nouveau gouvernement de la Tunisie une région entière du champ politique.
Notre région du Nord-Ouest demande sa part du développement et du bien-être social, revendiquent également leur participation au pouvoir politique. L’un des objectifs de la révolution n’est-il pas l’instauration de l’équilibre entre les régions ? La question reste toujours posée.
Les hommes politiques ont beau se défendre de toute velléité de diviser le pays, encore moins de semer la discorde entre les Tunisiens mais les faits sont têtus. Bas les masques vos dires ne reflètent pas vos actions.
A.K
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