Le quotidien français de référence « Le Monde » consacre son éditorial au décès de BCE

   Le quotidien français de référence « Le Monde » consacre son éditorial au décès de BCE

 

Fait exceptionnel qui mérite d’être souligné, le quotidien français de référence « Le Monde » consacre ce vendredi son éditorial au décès du président Béji Caïd Essebsi.

Sous le titre « les ambivalences du président Essebsi » le journal indique dès l’entame de son éditorial que « les hommages pleuvent et c’est bien naturel dès lors qu’il s’agit de la Tunisie, ce petit pays théâtre d’une tran¬sition démocratique unique dans le monde arabo-musulman. Béji Caïd Essebsi, le premier chef d’Etat élu au suffrage direct depuis la révolution de 2011, mort jeudi 25 juillet à l’âge de 92 ans, à l’hôpital militaire de Tunis, à moins de quatre mois de la fin de son quinquennat, est salué de mille éloges, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Son rôle dans la stabilisation démocratique de la Tunisie, à la fois pionnière et seule rescapée de la vague des « printemps arabes », est à juste titre célébré. « Un leadership phénoménal », s’est même enthousiasmé Donald Trump, le président des Etats-Unis.

Pour Le Monde, « de fait, M. Essebsi sera entré dans l’histoire comme celui qui aura désamorcé le schisme entre islamistes et anti-islamistes. La fracture, béante, avait menacé de faire basculer la Tunisie dans la violence en 2013, deux ans après la chute du régime Ben Ali. Certes, le mérite ne revient pas qu’à lui seul. (…) Les deux hommes – les deux « cheikhs », (avec Ghannouchi) comme avaient l’habitude de les appeler les Tunisiens – n’ont pu pacifier le climat général que grâce à la mobilisation en appoint d’une société civile tunisienne qui fait l’honneur de ce pays. Le paramètre personnel de M. Essebsi n’en a pas été moins déterminant. Formé à l’école de l’Etat bourguibien, il disposait des réseaux et de l’habilité, voire de la rouerie, requis pour déminer les terrains les plus sensibles ».

Néanmoins, ajoute-t-il, « s’il a sauvé la Tunisie de la montée des extrêmes, M. Essebsi s’est révélé incapable d’approfondir le chantier démocratique dont rêvaient les protagonistes de la révolution de 2011. Une juste appréciation de l’héritage de M. Essebsi ne doit pas masquer ses ambivalences, parfois très préoccupantes. (…)La dérive dynastique du pouvoir présidentiel, qui l’a vu adouber les ambitions de son fils Hafedh, a ajouté à l’incompréhension de bien des Tunisiens.

« Dans ces conditions, la famille « moderniste » dont il se voulait le héraut a implosé. La fragmentation de son propre camp l’a empêché de faire adopter son projet d’égalité successorale entre hommes et femmes, une audace sociétale qui lui aurait permis d’entrer dans l’histoire par la grande porte. Au bout du compte, il restera de l’œuvre de M. Essebsi ce pari de la réconciliation avec les islamistes, certes plus tactique qu’idéologique. Là s’est consolidée la fameuse singularité tunisienne, qui aura évité au pays le chaos qu’ont connu les autres « printemps arabes », conclut Le Monde.

Lire l’intégralité de l’éditorial :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/26/tunisie-les-ambivalences...

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