L’échec des Tunisiens à prétendre aux fonctions internationales : l’ALECSO dans une longue liste
Encore un échec d’un candidat tunisien postulant à une haute fonction internationale. Cette fois c’est une candidate Hayet Guettat Guermazi qui postulait au poste de directeur général de l’ALECSO (organisation arabe de l’éducation, de la culture et des sciences) dont l’assemblée générale élective a eu lieu le 27 septembre à Koweït City.
C’est d’ailleurs le candidat koweïtien, Saoud Al-Harbi qui a obtenu le poste dès le premier tour avec 16 voix sur 21.Il succède à son compatriote Abdullah Muhareb décédé en mai dernier alors qu’il devait achever à la fin de cette année son premier mandat.
L’échec de la candidature tunisienne était attendu pour plusieurs raisons. D’abord, le candidat koweitien partait favori du fait qu’il va remplacer son compatriote qui a normalement droit à deux mandats de quatre ans. De plus la session extraordinaire de la conférence générale a été convoquée à Koweït City ce qui constitue un atout pour le candidat de ce pays. Sans oublier que le Koweït est un des principaux contributeurs financiers de l’organisation.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’un candidat tunisien échoue à accéder à la plus haute fonction de l’ALECSO dont le siège se trouve à Tunis.En effet après deux DG tunisiens, tous deux anciens ministres de la Culture Mongi Bousnina de 2001 à 2009 et Mohamed Aziz Ben Achour de 2009 à 2013, la Tunisie avait présenté en 2013 la candidature de l’ancien ministre de l’Education de la Troïka, Abdellatif Abid qui a échoué à obtenir le poste.
La Tunisie n’a pas réussi non plus à garder le poste de Directeur général de l’ASBU(Union des radio-télévisions arabes) dont le siège se trouve également à Tunis. Après trois tunisiens successifs, tous les trois d’anciens directeurs généraux de la Radiodiffusion télévision tunisienne à savoir Abderraouf Basti(1989-1998), Abdelhafidh Harguem(1998-2006) et Slaheddine Maaoui(2006 à 2014), le candidat tunisien présenté en 2014 qui fut Rachid Khéchana journaliste essentiellement de presse écrite même s’il a fait un passage par la chaîne qatarie Al-Jazeera n’a pas réussi à accéder à ce poste.
Curieusement l’assemblée générale élective a eu lieu au Koweit et le poste est revenu à un soudanais Abderrahim Souleyman jusque là directeur technique de l’ASBU. Mais ce n’est pas tout.
En décembre 2013, la Tunisie n’a pas été en mesure d’imposer son candidat au poste de secrétaire général adjoint de l’Organisation de la Coopération islamique au cours de la conférence des ministres des affaires étrangères de l’organisation tenue à Conakry en république de Guinée. La candidature d’Abdallah Triki, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires arabes et africaines dans le gouvernement Jebali, au poste du secrétaire général adjoint de l’OCI aux affaires culturelles réservé à la région arabe n’a pas été retenue. Le poste a été raflé par l’égyptien Hichem Youssef, ancien directeur de cabinet et porte-parole d’Amr Moussa, ex-Secrétaire général de la Ligue arabe.
Parmi les autres échecs, on peur citer celui de l’ancien ministre des Finances Jalloul Ayed dont la Tunisie a présenté la candidature à la présidence de la Banque Africaine de développement (BAD). Intervenant au moment où cette institution financière régionale quittait Tunis au bout d’onze années de « relocalisation provisoire » pour rejoindre son siège social à Abidjan en Côte d’Ivoire, cette candidature aurait pu aboutir si tout avait été mis en œuvre à cette fin car c’était une compensation à laquelle notre pays aurait pu prétendre s’il avait bien manœuvré.
Il est loin ce temps béni où la Tunisie disposait de hauts postes internationaux ou régionaux. En 1961, un Tunisien Feu Mongi Slim fut élu premier président africain de l'Organisation des Nations Unies. D'autres grands diplomates tunisiens ont accédé plus tard à de hautes fonctions au sein des organisations du système des nations unies. Dans les années 1970; Chedli Klibi, ancien ministre des affaires culturelles et l’information et ex-directeur du Cabinet du président Bourguiba fut élu secrétaire général de la Ligue arabe. Il assura cette fonction pendant plus d’une décennie de 28 juin 1979 à 3 septembre 1990. Habib Chatty ancien ministre des affaires étrangères et directeur du cabinet du président Bourguiba fut quant à lui secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique de 1979 à 1984.
Le Tunisien Abdelwaheb Labidi présida aux destinées de la BAD entre 1970 et 1976. Quant à l’actuel Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie Chedly Ayari il fut de le premier président de la Banque arabe pour le développement en Afrique (BADEA).
Est-ce le mauvais choix des candidats ou l’incapacité à leur assurer le soutien indispensable qui explique ou justifie ces échecs ? La question reste posée.
Néanmoins, pour ne pas assombrir trop le tableau il y a lieu de signaler que la Tunisie a pu au cours des dernières années sortir victorieuse de deux élections, celle de Salem Hamdi du directeur élu directeur général de l’Agence arabe d’Energie atomique et celle de Mohamed Ben Amor à la tête de l'Organisation Arabe des Technologies de l'Information et de la Communication (AICTO). Ces deux organisations ont leurs sièges à Tunis.
Après les échecs enregistrés coup sur coup en 2013 à l’ALECSO et à l’ASBU, il a été décidé de mettre en place une cellule auprès du cabinet du ministre des affaires étrangères en vue de choisir les candidats potentiels aux hauts postes régionaux et internationaux et mobiliser en leur faveur le soutien nécessaire. Mais cette cellule n’a jamais vu le jour.
RBR
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