Les agences de voyage en difficulté: Le coup de gueule d’une gérante en colère !
Comme si la situation économique et sociale catastrophique que traverse le pays ne suffisait pas à mettre en berne le moral des citoyens, voilà que l'Etat tunisien, au lieu d'encourager les entrepreneurs à garder la tête hors de l'eau et à éviter de mettre la clé sous le paillasson, continue de leur mettre les bâtons dans les roues.
Depuis quelque temps, le président Kaïs Saied prône la transparence, ce qui constitue une bonne nouvelle à saluer. Sauf que la transparence a un coût auquel il faut faire face.
Dans cette lutte acharnée menée par l'Etat, de nombreux entrepreneurs dignes, pris dans un cercle vicieux, se sentent désormais frustrés, terrorisés et maltraités. C'est l'exemple d'une dame qui opère dans le secteur des agences de voyages et qui vient de lancer un véritable cri d'alarme aux autorités. Elle explique la situation infernale que son secteur vit en ces moments de vaches maigres:
"J'ai passé ma vie à me battre pour la transparence et la vérité, une vie à dire la vérité au point de devenir parfois une brebis galeuse, et pourtant je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je ne me suis jamais autant senti dans la précarité et le danger.
Dans mon secteur, depuis 2010, nous dénonçons une enveloppe dédiée aux agences de voyages pour vendre du voyage qui est de 25 Millions de dinars pour plus de 1000 agences, alors que le besoin réel et avéré est de plus de 300 Millions. Depuis 2010, les mêmes mots sont prononcés, les mêmes arguments de l'évidence aussi, mais de l'autre côté c'est toujours la même sourde oreille.
Du coup, la majorité des agences de voyages, pour continuer à exister et à travailler, n'ont d'autre solution que de faire appel à des canaux de devises pour payer leurs factures. Parce que 25 Millions de dinars est une somme dérisoire, archaïque, arbitrairement fixée et INSENSEE là où l'on est censé investir plus de 300 Millions. Du coup, des agents de voyages accusés de blanchiment d'argent voire de financement de terrorisme, sont arrêtés, et leurs maisons sont retournées et mises sens dessus dessous".
C’est en ces termes que cette dame battante, gérante d'une agence de voyages, nous a interpellés sur les réseaux sociaux. Conséquence de cette situation infernale: des agences fermées en cascade au nom d'une transparence mal préparée et inadaptée à un contexte particulièrement difficile.
"Aujourd'hui, des agences sont fermées. Toutes les centrales de réservation sont à l'arrêt. Aucun Tunisien ne peut aujourd'hui acheter des séjours à l'étranger à moins que l’agence ne paie au noir. Les compagnies aériennes sont pourtant pleines et personne ne se pose de questions, on préfère continuer à faire la sourde oreille au lieu de prendre le taureau par les cornes et régler le problème.", ajoute la dame, dépitée et inquiète de cette situation infernale.
Pour elle, il ne sert donc à rien de harceler, d'interroger, d'incarcérer puis de relâcher de paisibles et honnêtes entrepreneurs qui chaque jour abandonnent leur processus de création de valeur, pourtant vital à ce même Etat, parce que le jeu n'en vaut plus la chandelle. Plutôt que d'utiliser le bâton, pourquoi ne pas entamer un dialogue, se demande-t-elle.
"Il faut arrêter ce terrorisme dont les conséquences seront dramatiques pour le tissu économique, il faut arrêter de diaboliser les chefs d'entreprise, qui paient déjà un lourd tribut face aux conditions économiques lamentables de la Tunisie.
Vous voulez de la transparence, nous sommes prêts à la transparence mais êtes-vous prêts à entendre la vérité ? Etes-vous prêts à agir pour appliquer les mesures nécessaires à la transparence?", indique-t-elle avant de lancer un appel au président Kaïs Saied afin de trouver les solutions idoines pour sortir de cette situation malheureuse et inconfortable.
"Il faut entamer un dialogue sérieux, honnête et responsable avec les opérateurs économiques", conclut la dame qui, en plus d'être agent de voyage est représentante d’une plate-forme B to B !
A bon entendeur ...!
Votre commentaire