Les objectifs des manœuvres de Kaies Saied (3) 

Les objectifs des manœuvres de Kaies Saied (3) 

Par Nouredine Ben Mansour

L’un des objectifs des manœuvres de K.Saied est de rendre le parti Ennahdha un tigre en papier. L’affaiblir d’une manière qui le transforme en parti sur le chemin de la destruction et de la division. Le diviser en fracas et lui préparer le même sort que Nidaa Tounis. 

Partiellement il a atteint son objectif puisque ce dit parti est en train de vivre une situation confuse et un bouleversement  interne qui pourront à tout moment faire exploser son unité voire même son existence. 

Il est en train d’emprunter le même chemin que Nidaa Tounis : la division et la disparition. Cette fin n’est qu’une étape supplémentaire qui permettrait à K.Saied de s’emparer du pouvoir en transformant le régime actuel en régime purement présidentiel. 

Il a gagné la première mi-temps mais non pas le match car il pourrait y avoir des prolongations et des surprises. Malgré le calme qui règne actuellement sur le pays, la situation d’aujourd’hui n’est pas aussi rassurante car les politiciens anti Kaies Saied sont en guet-apens. Sûrement, ils vont agir et être toujours actifs et déterminants. Leur principe de toujours: l’opportunisme dans le sens négatif.

En plus de cette atmosphère politique, la situation sanitaire est alarmante et pourrait encore s’aggraver. Dans l’ensemble les citoyens n’ont plus confiance et  sont devenus  indifférents. Ils sont pessimistes quant à l’avenir du pays. Ils sont dans un état psychique de peur, animé pleinement par la situation épidémique créée par le Coronavirus. 

Comment peut-on se rassurer et être confiant avec une situation épidémique désastreuse ? Plus d'un demi-million de citoyens ont été touchés par le virus et près de vingt mille personnes en sont mortes. 

Tout le monde se demande comment va réagir Ennahdha. Ce parti est devenu spécialiste de crises politiques et toujours il  a une solution mais cette fois-ci la situation a pris une autre tournure et une envergure inattendue. 

Et nous voilà encore devant les propositions malignes du parti Ennahdha qui essaye en force de calmer le jeu. C’est une de ses tactiques tant utilisée dans diverses circonstances depuis une dizaine d’années. Une stratégie ayant comme objectif l’ajournement des crises et le gain de temps. C’est au nom de l’intérêt du pays que les Nahdhaouis ont toujours agi. Une tactique archaïque qui n’est plus acceptable surtout que la majorité des citoyens ne croient plus à ce genre de dialogue, devenu obsolète et sans aucune perspective. 

On ne croit plus à ce genre de promesses. Les temps ont changé et ont pris une autre allure ; une allure plus réaliste car le citoyen tunisien est touché directement dans sa vie quotidienne puisqu’ il ne peut plus assurer une vie respectueuse pour sa famille.
 
Le parti Ennahdha essaye comme toujours de gagner du temps et d’ajourner la crise. Conformément à sa stratégie d’ajournement des crises, son bureau exécutif estime qu’actuellement  le pays a besoin de gérer un dialogue national et d’opter pour des options collectives capables de sortir le pays de ses crises actuelles. 

Aussi il considère que les mesures exceptionnelles annoncées par le Président de la République sont hors constitution et ne sont qu’une face d’un coup d'État contre la constitution et les institutions, notamment ceux liés au gel de l'activité parlementaire et au monopole de tous les pouvoirs. 

Mais cette nouvelle situation dans laquelle est mis le parti Ennahdha a créé un profond désaccord entre ses membres. Ils sont dans le désarroi et l’incertitude et ne savent plus comment sortir de ce ghetto. Une situation qui pourrait à tout moment créer un  séisme au sein de ce parti. 

La division au sein de ce parti est devenue flagrante et s’est renforcée intensivement. Un profond désaccord a pris de l’ampleur et a fait des sympathisants de Ghannouchi une minorité sans effet et sans influence. 

Les positions diffèrent parmi ses dirigeants entre soutenir les décisions du chef de l'État ou les rejeter et les considérer comme un coup d'Etat contre la légitimité et la constitution. 

De nouveau ce parti a opté pour une demi solution ; sa stratégie de toujours, le gain du temps et l’apaisement temporaire tout en attendant des jours meilleurs. Il a opté de traiter positivement la situation et les événements d'une manière qui contribue à stabiliser la situation et à couper la route à tout ce qui constituerait un danger pour les Tunisiens et les pousserait à sortir dans la rue. 

La psychose de peur a saisi une bonne partie des responsables d’Ennahdha. Ils ont peur des réactions de Kaies Saied car ils leur manquent des informations exactes sur son plan d’action. La peur de l’inconnu et de ce qui les attend sont fatales pour eux. Ils sont dans l’embarras et l’inquiétude, ce qui a poussé la plupart des  dirigeants de ce parti  à se positionner autrement. 

Pour eux, le parti a besoin d'une pause de réflexion pour pouvoir bien définir un véritable et sérieux bilan pour poursuivre le chemin politique. Leur tactique actuelle  est l’ajournement  du conflit avec le président de la république. Le moment actuel  n'est pas propice pour l'escalade et la confrontation. Ils doutent bien des résultats car ils ne sont pas garantis et ne sont pas à leur portée. 

Se passionner en attendant l'expiration du délai des mesures exceptionnelles annoncées par K. Saied. La crainte et le désarroi ont créé une atmosphère tendue entre les premiers responsables de ce parti.

Pour la majorité des Nahdhaouis, ce que Saied a fait est un coup d’Etat planifié depuis des semaines et dont certains accusent  une main étrangère dans cet événement.

Le parti Qalb Tounis et El karama sont du même avis. Aussi l’ancien président Moncef Marzouki a également qualifié la décision de K Saied de coup d’état.

En dehors de ces querelles continuelles et dégoutantes entre Kaies Saied et Ghannouchi, il faut bien s’inquiéter sur l’avenir du pays et les conséquences de ces querelles perpétuelles qui ont trop duré et qui se sont transformées  par le temps en événements immaitrisables.  

La question qui se pose en urgence est de savoir si nous sommes à la fin d’une guerre froide entre les deux têtes de l’Etat, le président de la république et le président du Parlement ? Cette guerre froide pourrait prendre une autre direction, une direction, plus dangereuse qui finira par la division du peuple tunisien et l’apparition d’un régionalisme aveugle. 

Aussi on se demande si la relative paix sociale du pays va connaitre une autre direction, une direction qui pourrait  aboutir à des situations immaitrisables et des conflits de tout genre. Pourrons nous voir des attentats terroristes et des règlements de comptes politiques comme les cas des attaques terroristes de Ben Guerdane, de l’avenue Mohamed V  et les assassinats de Brahmi et Bel Aid.

Une course vers la prise du pouvoir pourrait aboutir à des imprévus tant dangereux et inattendus. Il n’est pas exclu que cette nouvelle vérité puisse engendrer une nouvelle réalité politique qui s’imposera avec force et obligera les puissants acteurs politiques de la place à se demander sur l’avenir de leurs positions. 

Une chose est sûre à savoir le changement profond de la situation du pays. Des surprises et de nouveaux acteurs politiques vont faire surface et vont créer la surprise politique qui pourrait ne pas plaire aux puissants acteurs politiques actuels. 

La nouvelle réalité de la situation politique serait prochainement autrement, basée sur une autre stratégie et des tactiques à court terme. Les conflits entre tous les politiciens sont devenus personnels et chacun prône la supériorité. Dans l’avenir proche, des crises et des situations sociales graves pourront toucher une bonne partie de la population. Une course vers le pouvoir et un combat perpétuel pour la domination du destin du pays.

 

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