Les raisons de la fusion d’Al Moubadara avec Tahya Tounes
Beaucoup se sont demandé pourquoi cette précipitation dans la fusion entre Tahya Tounes un parti qui vient d’être créé et Al Moubadara, un parti qui a plus de huit ans et qui, malgré des difficultés conjoncturelles, a réussi tant bien que mal à s’imposer sur la scène politique nationale. Le parti de Kamel Morjane s’est fixé dès sa création d'assurer « la reconversion d'anciens cadres du RCD dans le système politique après le 14 janvier 2011 ». Entre temps il a présenté ses excuses pour son silence lorsqu’il était ministre de Ben Ali.
Al Moubadara a participé aux élections de la Constituante en octobre 2011 et a réussi à obtenir cinq sièges. Il a tenté en 2012 de rallier d’autres partis de la mouvance destourienne et qui sont Al Watani Al Horr, le Parti de l'unité et de la réforme, l'Union populaire républicaine, la Voix du Tunisien, le Mouvement progressiste tunisien, l'Alliance pour la Tunisie et le Parti nationaliste tunisien. L’ancien ministre Mohamed Jegham chef d’Al Watani al Horr a été alors désigné vice-président à côté de Morjane qui a gardé la présidence du parti baptisé Al Moubada Al Watanya. Les deux personnalités se connaissent bien étant tous les deux de Hammam Sousse mais la greffe n’a pas pris et Jegham a quitté le parti pour fusionner avec Mashrou3 Tounes.
Au cours des élections législatives en octobre 2014 il obtenu trois sièges et son candidat à la présidentielle Kamel Morjane qui s’est rapproché du mouvement Ennahdha, a été éliminé dès le premier tour obtenant 41.614 voix soit 1,27% des suffrages exprimées. En juillet 2016 il a signé le Document de Carthage et son parti obtient le ministère de la femme. Le 5 novembre 2018, il est nommé ministre de la fonction publique, un département ressuscité spécialement pour lui.
Le 23 février dernier le parti a organisé son congrès et Morjane a été reconduit à sa tête.
L’ambition de Morjane
Kamel Morjane qui vient de fêter, le 9 mai courant, ses 71 ans s’est beaucoup rapproché du mouvement Ennahdha. Il a même cautionné le processus de la justice transitionnelle conduit par la controversée Sihem ben Sedrine et a assisté aux côté de Rached Ghannouchi à la première séance d’audition publique des « victimes de la dictature ». Il ne désespère pas de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle et d’être cet oiseau rare que cherche Ennahdha. En plus de cette ambition personnelle, son parti est en manque de subsides et n’a plus de quoi payer ses loyers ni ses factures ni son personnel administratif, non plus. Selon un membre d’Al Moubadara, Tahya Tounes est un « parti riche », alors qu’Al Moubadara a des compétences que Tahya n’en a pas. Ce deneir espère rallier des destouriens adhérents d'Al Moubadara.
Or, les difficultés vont commencer maintenant avec la répartition des responsabilités. Tahya Tounes compte 277 membres au sein de son conseil national alors qu’Al Moubadara en compte 110. Pour le moment, seul Kamel Morjane qui, selon nos sources a pris de court tout le monde, est assuré d’obtenir le poste de président du comité central, alors que la présidence du parti devrait échouer sans surprise au chef du gouvernement Youssef Chahed. En plus d’un autre casse-tête, celui des listes électorales. Déjà, chez Tahya Tounes, on se bouscule au portillon. Des membres d’Al Moubadara craignent d’être sacrifiés sur l’autel de cette fusion. Et sur celui de l’ambition personnelle de Kamel Morjane. Ils ont à l’esprit cette fusion éphémère entre Nidaa Tounes et l’Union patriotique libre de Slim Riahi. Ce qui a fait dire à l’un d’eux nous nous sommes jetés dans la gueule du loup !
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