Liban et Tunisie : Un passé qui se reproduit et un destin en commun?

Liban et Tunisie : Un passé qui se reproduit et un destin en commun?

Lorsque le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit avance dans les ténèbres. Ce constat d’Alexis de Tocqueville illustre parfaitement la myopie face au désastre des décideurs dans la période pré-crise ou de défaut de paiement.

Liban et Tunisie: mêmes erreurs

Au Liban, ce sont les décennies d'incompétence, de corruption au sommet de l'État qui ont provoqué cette crise. 

L'explosion de la dette publique, le recul de la croissance et le gonflement du secteur public, causes économiques déterminantes, sont couplés à des facteurs internes spécifiques, aboutissant à la situation dramatique actuelle des deux pays.

Aujourd'hui, le Liban est en banqueroute, la plupart des banques sont en faillite.

Le Liban a vécu au-dessus de ses moyens pendant très longtemps.

Le Liban, pendant ces trente dernières années, a vécu en quémandant l'aide de la communauté internationale (surtout Le Fond monétaire international).Et ces aides sont venues aider la corruption locale et aider les quelques oligarques libanais sans véritablement profiter à la population libanaise.

Au liban comme en Tunisie, on connaît précisément quelles sont les réformes à adopter. Mais la situation actuelle est une vache à lait qui rapporte tellement à quelques partis politiques et économiques que les réformes sont reportées aux calendes grecques depuis déjà une dizaine d'années.

Résultat : L'inflation, la chute du pouvoir d'achat et le chômage transforment le quotidien des Libanais en calvaire.

Aujourd’hui, 80% des Libanais vivent en dessous du seuil de pauvreté. L'inflation, la chute du pouvoir d'achat et le chômage transforment le quotidien des Libanais en calvaire. 

Selon la Central Administration of Statistics du Liban, l'inflation moyenne en 2021 était de 154,8 %, alors que cet indicateur a augmenté de 7,55 % fin 2022.

La monnaie locale a perdu 95% de sa valeur en deux ans. Et depuis fin 2019, les banques imposent des restrictions draconiennes inédites, empêchant les épargnants de retirer leur argent, en particulier en devises étrangères

Les meurtres, suicides, cambriolages et vols explosent. Et si les services de sécurité et le corps judiciaire ne se sont pas effondrés, la crise menace de les paralyser. À ceci il faut ajouter la crise financière insoutenable qui a anéanti les salaires, sans parler de la hausse des prix des carburants, des médicaments et des denrées alimentaires. Les Libanais les plus vulnérables risquent de mourir de faim en raison de cette crise.

L’histoire des crises financières nous enseigne que pour combattre la méfiance et le discrédit ambiants, il convient de repenser l’action publique avec plus de courage pour imposer une discipline budgétaire plus équitable, et réformer en profondeur l’économie loin des mesurettes sans saveurs.

Amine BEN GAMRA (Expert Comptable-Commissaire Aux Comptes- Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie)

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