L'Union européenne et les États-Unis doivent prêter main forte à la Tunisie

L'Union européenne et les États-Unis doivent prêter main forte à la Tunisie

En Tunisie, le Président Kais Saied sous-estime peut-être la nécessité de présenter une feuille de route économique le plus tôt possible, et ne fait sans doute pas assez confiance pour défendre ses politiques, à des Tunisiens expérimentés dans la classe politique et dans le monde des affaires, dont beaucoup ont les intérêts du pays à cœur autant que lui. Il doit s’engager davantage auprès des partenaires étrangers de la Tunisie, dont beaucoup restent perplexes quant au niveau de soutien qu’il conserve.Kais Saied n’a pas le luxe de négliger le dialogue avec les principaux prêteurs et partenaires commerciaux de la Tunisie.

Il est peut-être temps pour l’UE et les États-Unis de prêter main forte à la Tunisie. De nouvelles turbulences en Tunisie, alors que le pays ne parvient pas à se réformer et tombe dans une pauvreté encore plus grande, ne feraient qu’accélérer le rétrécissement stratégique déjà évident dans les relations entre l’UE et les pays du Maghreb.

Le retrait de l’hégémonie américaine dans la région a eu pour conséquence que l’UE et la France, sans doute l’acteur clé en Afrique du Nord, n’ont pas réussi à coordonner leurs réponses aux crises interdépendantes du Mali à la Libye. Le désengagement sélectif des États-Unis du Moyen-Orient élargi est le premier facteur qui contribue à affaiblir l’influence de l’Europe en raison des innombrables divisions internes de l’UE et de son obsession à bloquer la migration plutôt qu’à s’attaquer à ses causes profondes. Cela a coûté à l’UE une grande partie de son influence diplomatique en Libye. 

En Tunisie, où l’État, aussi faible soit-il, est debout, une réponse unie et généreuse pourrait être le geste stratégique le plus intelligent que l’UE puisse offrir, un geste qui évitera des politiques encore plus douloureuses et coûteuses dans quelques années.

Si l’UE avait compris la véritable nature de la gouvernance corporatiste de la Tunisie et n’avait pas été aussi dépendante des analyses économiques du FMI et de la Banque Mondiale lorsqu’elle a évalué la situation du pays, elle aurait pu faire preuve de plus d’imagination dans sa réponse. 

Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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