Mohamed Ghariani l’homme lige de Ben Ali au service de Rached Ghannouchi

Mohamed Ghariani l’homme lige de Ben Ali au service de Rached Ghannouchi

Le dernier secrétaire général du RCD, Mohamed Ghariani devrait être nommé conseiller auprès de Rached Ghannouchi le président de l’ARP et du mouvement Ennahdha. Rien d’étonnant dans cette nomination qui se tramait en silence. Ghariani l’homme lige de Ben Ali n’a jamais caché sa proximité avec le chef du mouvement islamiste depuis qu’il était à l’ambassade de Tunisie à Londres où se sont réfugiés la plupart des dirigeants nahdhaouis pour fuir les persécutions du régime. D’ailleurs, on disait déjà que Ben Ali l’avait envoyé dans la capitale du brouillard, lui qui ne pipait un seul mot de la langue de Shakespeare, pour tenter d’ouvrir un début de dialogue avec Ghannouchi en particulier qu’il rencontrait assez fréquemment. Sakher Materi, le gendre de l’ancien président qui élisait souvent domicile à la résidence de l’ambassade, à chaque fois qu’il se rendait à Londres, avait à son tour rencontré Ghannouchi et certains dirigeants d'Ennahdha. L’on se rappelle de cette lettre tout à fait élogieuse envoyée par le chef du mouvement à Sakher Materi pour le féliciter de la création de Radio Coran, Ezzitouna.

Numéro trois dans l’ancien régime

Les liens entre Ghariani et le fils de Moncef Materi se sont raffermis et ce dernier a été derrière la fulgurante promotion de celui qui devinera plus tard le numéro trois du régime.

Né en 1962 à Kairouan dans une famille modeste, Mohamed Ghariani a poursuivi ses études à la faculté des lettres et sciences humaines de Tunis où il obtient une maitrise en sociologie, un diplôme qui n’ouvre pas de bonnes perspectives devant son détenteur. Mais pas pour quelqu’un comme Mohamed qui a vite réussi à intégrer une banque de la place grâce à l’intervention du parti au pouvoir où il avait commencé à militer. Avec l’accession de Ben Ali au pouvoir à la faveur de ce qui est désormais appelé « coup d’état médico-légal », le 7 novembre 1987, Ghariani a vu les portes du destin s’ouvrir devant lui. Nommé secrétaire général de l’organisation des étudiants RCD, il avait comme second un certain…Maher Medhioub le député actuel du mouvement Ennahdha. Depuis, il avait commencé à gravir rapidement les échelles, grâce au soutien de feu Hamed Karoui. Secrétaire permanent du RCD, gouverneur à Sidi Bouzid, ambassadeur à Londres, de nouveau secrétaire général adjoint au RCD, conseiller principal auprès du président de la république chargé du dossier politique et de la communication et enfin secrétaire général du RCD, numéro trois du régime de Ben Ali. Le tout en moins de 20 ans. Aucune personnalité n’a eu autant de faveurs de l’ancien régime disait de lui un de ses anciens collègues au RCD.

Après le 14 janvier 2011, Ghariani s’est trouvé dans la tourmente, comme la plupart des anciens hauts dignitaires du régime, complètement dépassé et ne sachant quoi faire devant la déferlante « révolutionnaire ». Pour tenter d’y échapper, il n’avait pas trouvé mieux que de s’en prendre au régime dont était l’un des piliers. Tout le mal venait de Ben Ali qui, selon lui « a instrumentalisé le parti et l'a engagé dans des voies détournées ».

Malgré ses reniements, et il n’était pas le seul à le faire, il a été poursuivi pour « détournement et extorsion de fonds, malversation, spoliation et abus de pouvoir ayant porté préjudice à l'administration" », en vertu du fameux article 96 du code pénal. Un mandat de dépôt a été émis à son encontre, en avril 2011, tout comme la plupart des hommes de l’ancien régime. Il est resté en prison jusqu’au 10 juillet 2013. Et c’est là qu’il avait compris que plus rien ne serait comme avant, ni pour lui ni pour le pays. Et que son salut ne pouvait venir que du nouvel homme fort Rached Ghannouchi. N’a-t-il pas déclaré que ce dernier a les qualités d’un président de la république ?

Un appel du pied aux anciens Rcédistes

A peine libéré, il avait rejoint Nida Tounes que venait de créer Béji Caid Essebsi et s’est vite rapproché de Hafedh, un nouveau Sakher pour lui. Mais, il a dû vite déchanter. Un détour par Al Moubadra de Kamel Morjane, un ancien haut dignitaire du régime de Ben Ali, comme lui et qui s’en est, également, détourné, après le 14 janvier 2011. Il a profité pour renouer avec le chef d’Ennahdha et se rapprocher de plus en plus de lui. Il a trouvé en Saied Ferjani, l’un des hommes de confiance de Ghannouchi et enfant de Kairouan comme lui, un grand soutien, et en son fidèle ami Ali Ben Ncib, le conseiller de l’ombre du Cheikh, un appui sans faille.

Sa nomination au cabinet de Ghannouchi est interprétée comme une réponse au président de la république Kais Saied qui a jeté « l’honneur des hommes de l’ancien régime aux chiens » après sa réprimande contre le chef du gouvernement Hichem Méchichi qui a été contraint de renoncer à la désignation de Tawfik Baccar et Mongi Safra en tant que conseillers auprès de lui. C’est aussi un appel du pied aux anciens du RCD pour suivre la démarche de Ghariani plutôt que celle d’Abir Moussi,  terrible adversaire de Ghannouchi dont le parti le PDL, a surclassé Ennahdha dans les sondages et se présente comme l’unique rempart contre l’Islam politique. Et une et tentative de les rallier à sa cause, celle de rapprocher les frères ennemis, les destouriens et les islamistes avec un retour au Grand père commun Abdelazi Thaalbi. D’ailleurs, Ghariani devrait être chargé du dossier de la réconciliation nationale au cabinet de Rached Ghannouchi.

Réussira-t-il dans cette délicate mission ? Pas si facile dans ce climat délétère marqué par l’embrouillamini  et dans un paysage politique fragmenté.

B.O

 

Votre commentaire