Moncef Marzouki, nouveau Chef de l’opposition ?
Jusqu’à la dernière minute, l’ancien Président et candidat malheureux au second tour de la présidentielle, Moncef Marzouki, a cru en ses chances de se succéder à lui-même.
Echaudé par une équipe de campagne, toujours à l’affût du moindre alibi, à la limite de la décence, il a fini par se rendre à l’évidence et se comporter comme un Homme d’Etat, en félicitant son adversaire du jour, reconnaissant par la même sa défaite.
En attendant son discours d’adieu, son appel au calme a été fortement apprécié par les dirigeants politiques et salué par de nombreux observateurs.
En dépit de sa défaite, Marzouki ne sort pas amoindri du scrutin du 21 décembre. Au contraire, il se positionne de plus en plus comme un homme politique aguerri qui a dépassé le stade de l’opposant stérile et du défenseur invétéré des droits de l’homme.
Les trois années passées à la tête de l’Etat vont, certainement, enrichir son curriculum vitae, mais surtout lui servir de référence pour son avenir. Il offre, aujourd’hui, le profil d’un chef qui pourrait rassembler autour de lui plusieurs franges de la société politique.
Avec plus d’un million 300 mille voix récoltées au second tour, il ambitionnerait, peut-être, de prendre la tête d’une opposition dont les contours ne sont pas encore clairs. Les déçus d’Ennahdha dont, notamment, l’ancien secrétaire général Hamadi Jebali, les perdants des dernières élections comme Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar et l’Alliance démocratique de Mohamed Hamdi ou ce qu’il reste de ces deux partis en pleine déconfiture et bien entendu son parti le CPR.
Marzouki pourrait, également, brasser plus large dans les rangs des salafistes, pas djihadistes bien sûr, pour se positionner comme alternative fiable pour les prochaines années.
Toutefois, il doit changer de discours, de programme, de comportement et, pourquoi pas, d’équipe. On n’efface pas l’histoire d’un pays en la dénaturant, on ne nie pas les acquis de plus de cinquante années d’indépendance en ridiculisant ses prédécesseurs, on ne construit pas l’avenir d’un pays en détruisant les fondements mêmes de la République et on n’aspire pas à jouer le rôle de rassembleur en attisant les sentiments de régionalisme et en divisant les Tunisiens entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires.
S’il compte continuer son combat politique, Moncef Marzouki doit, tout simplement, changer.