Naufrage de Kerkennah : une tragédie humaine et un silence assourdissant
Douze rescapés du naufrage de l’embarcation de migrants au large des Iles Kerkennah ont quitté l’hôpital Habib Bourguiba de Sfax sains et saufs. Ceux-là font partie des 68 personnes secourues dont 60 Tunisiens, 5 Africains du Sud du Sahara, deux Marocains et un Libyen.
Même si le bilan de 46 corps repêchés n’a pas changé jusqu’ici le bilan risque d’être très lourd puisque entre 180 et 200 personnes étaient à bord de l’embarcation qui a chaviré dans la nuit du samedi à dimanche.
Alors que des familles tunisiennes pleurent leurs morts, que voit-on ?
Les médias parlent de ce drame comme s’il a eu lieu dans de lointaines contrées. Seules les agences de presse et les journaux électroniques donnent de temps à autre des nouvelles égrenant un bilan de plus plus élevé des victimes du naufrage.
Les chaînes de radio et de télévision, et particulièrement du secteur public continuent leurs programmations habituelle comme si de rien n’était. Sans parler des chaînes privées qui n’ont introduit aucune modification à leurs programmes faits d’émissions culinaires, de sitcoms et de feuilletons sans odeur ni saveur.
Nos dirigeants, quant à eux, si prompts à se chamailler pour tout et n’importe quoi sont aux abonnés absents devant un drame aussi grave. Ni un mot de réconfort, ni une adresse envers les familles endeuillées, Rien absolument rien.
Dans d’autres pays ce serait le branle-bas de combat. Pour moins que ça on décrétera un deuil national et on suspendra émissions et programmes pour ne parler que de cet événement tragique. Mais il ne faut pas rêver.
Si ce drame a lieu précisément au large des Iles Kerkennah c’est, faut-il le rappeler, que l’archipel est devenu depuis quelques années une zone de non droit. Puisque les services de sécurité y ont expulsés lorsque leurs véhicules ont été jetés à la mer il y a deux ans, en avril 2016.
Comment dès lors ne pas prévoir que ce genre de tragédie y surviendrait et prendre les précautions à cet effet.
Le président de la République, le Chef du Gouvernement et les ministres concernés observent un silence assourdissant.
Les Tunisiens éplorés ont raison de les interpeller. Des jeunes à la fleur de l’âge ont été ravis à l’affection de leurs familles et celles-ci ne trouvent même la sympathie et la solidarité dont ils ont grand besoin. C’est vraiment dommage.
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