Niger : La junte militaire retire à la France l’exploitation de la plus importante mine d'uranium du pays.
La junte militaire au Niger vient de décider de retirer au groupe français Orano son permis d'exploiter l'uranium de la mine d'Imouraren. Située à l'ouest du massif de l'Aïr, dans le nord du Niger, elle est considérée comme l'un des plus importants gisements au monde, avec 200 000 tonnes de réserves..
« Orano prend acte de la décision des autorités du Niger de retirer à sa filiale Imouraren SA son permis d'exploiter le gisement, et ce malgré la reprise des activités sur le site conformément aux attentes qu'elles avaient exprimées », a répondu l'entreprise française dans un communiqué. Celle-ci détient une participation majoritaire dans la mine d'Imouraren, la société nigérienne Sopamin SA contrôlant les 33,35 % restants.
La multinationale française avait pourtant annoncé avoir entrepris des travaux pour relancer l'exploitation prochaine du site, selon plusieurs sources. La décision de jeudi de la junte nigérienne intervient « malgré la reprise des activités sur place, conformément aux attentes qu'elle avait exprimées », a indiqué l'entreprise dans un communiqué.
« Les conditions actuelles du marché, avec une hausse favorable du prix de l'uranium, permettent d'envisager à nouveau la mise en service d'Imouraren », a-t-elle indiqué jeudi soir. Le site a rouvert ses portes au début du mois, ajoute-t-il.
Orano exploite actuellement Somaïr, une mine à ciel ouvert située dans le nord de la région d'Arlit, après la fermeture de Cominak en 2021.
Les activités minières de Somaïr ont repris en février après un arrêt de production de plusieurs mois après le coup d'État. Le Niger, pays enclavé de 26 millions d'habitants, est le septième fournisseur mondial d'uranium, utilisé pour la production d'armes et d'énergie nucléaire.
En 2022, le pays a fourni plus d'un quart de l'uranium utilisé dans l'Union européenne, selon l'Agence de l'énergie nucléaire du bloc, ce qui en fait sa deuxième source d'uranium, après le Kazakhstan. Avant le coup d'État militaire de l'année dernière, le Niger était le principal partenaire économique et sécuritaire de l'Occident au Sahel, vaste région devenue le foyer de l'extrémisme violent.
Mais la junte militaire qui a pris le pouvoir en s'engageant à rompre les liens avec l'Occident s'est engagée à revoir les concessions minières du pays et a ordonné le retrait des troupes françaises, et plus récemment américaines. Ressource naturelle essentielle au fonctionnement des centrales nucléaires françaises, l'uranium constitue le principal produit d'exportation du Niger.
Mais le pays est confronté à un dilemme similaire à celui de nombreux producteurs de matières premières riches en ressources mais économiquement pauvres. Elle ne dispose pas d'une industrie nationale et doit s'appuyer sur des capitaux étrangers pour exploiter ces matières premières sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.
Orano (ex-Areva), qui opère au Niger depuis plus de 50 ans, a déclaré avoir toujours suivi « une approche responsable de partenariat et de transparence, agissant en concertation continue avec l'État du Niger et les acteurs locaux ».
L'entreprise s'est déclarée « disposée à maintenir ouverts tous les canaux de communication » avec la junte nigérienne, mais elle se réserve le droit de contester la décision de retrait du permis devant un tribunal national ou international.
Au-delà de la réaction française, la décision de la junte intervient également au moment où la Russie cherche à prendre le contrôle de certains actifs miniers dans ce pays du Sahel.
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