Oueslati Zit : un héritage millénaire au cœur de Kairouan

 Oueslati Zit : un héritage millénaire au cœur de Kairouan

Produit emblématique de la Tunisie centrale, l’huile d’olive Oueslati ne se limite plus aux pressoirs et aux champs d’oliviers. Entre initiatives touristiques, revendications des producteurs et quête de reconnaissance, cet or vert s’impose aujourd’hui comme un enjeu économique, culturel et identitaire majeur dans la région de Kairouan.

L’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), en partenariat avec les commissariats régionaux au tourisme et au développement agricole de la région, a organisé, mercredi 17 décembre 2025, une journée de promotion ponctuée de visites de terrain dans le cadre du circuit touristique dédié à l’huile d’olive Oueslati. Cette initiative s’est déroulée en présence d’experts, dans le but de renforcer la visibilité de ce produit du terroir et de soutenir sa valorisation touristique et économique.

Un produit enraciné dans l’histoire

La région d’Oueslatia, située au cœur de la Tunisie centrale, au gouvernorat de Kairouan, est depuis l’Antiquité une terre d’oliviers. Des traces archéologiques attestent que, sous l’époque romaine, l’huile produite dans cette zone faisait partie des richesses agricoles de l’Afrique romaine, exportées vers l’ensemble du bassin méditerranéen.

Au fil des siècles – des périodes aghlabide et hafside jusqu’à l’ère ottomane – l’olivier est demeuré un pilier de l’économie rurale locale. Résistant aux aléas climatiques et aux bouleversements politiques, il a assuré la subsistance de générations entières de paysans.

La Oueslati, une variété à part

La variété Oueslati, longtemps cultivée selon des méthodes traditionnelles, s’est imposée comme l’une des plus adaptées aux conditions semi-arides de la région. Son huile se distingue par un fruité prononcé, une amertume équilibrée et une légère ardence, signes d’une forte teneur en antioxydants.

Contrairement à d’autres variétés plus largement diffusées, la Oueslati est restée intimement liée à son territoire. Cette spécificité, autrefois perçue comme un frein à sa diffusion, est aujourd’hui considérée comme un atout dans un marché mondial en quête de produits authentiques et traçables.

De la tradition à la revendication

La manifestation organisée ce mercredi sur la route de Kairouan vers Oueslatia illustre cette nouvelle phase. Selon les organisateurs, il s’agissait d’attirer l’attention sur les difficultés rencontrées par les producteurs locaux : hausse des coûts, manque de soutien, problèmes de commercialisation et retard dans la valorisation de la variété Oueslati.Pour les manifestants, défendre la « Oueslati zit », c’est défendre un mode de vie, une économie locale fragilisée et un patrimoine agricole menacé par la marginalisation et la standardisation.

Ces dernières années, l’huile d’olive Oueslati a commencé à gagner en visibilité, notamment grâce aux débats sur la qualité des huiles tunisiennes et à l’intérêt croissant pour les variétés autochtones. Des initiatives émergent pour encourager la labellisation et améliorer l’accès aux marchés nationaux et internationaux.

Mais sur le terrain, les défis restent nombreux. La mobilisation de ce mercredi en est une illustration directe : derrière l’image d’un produit d’exception se cache une réalité sociale faite d’attentes, de frustrations et d’espoirs.

B.Oueslati

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