Pourquoi les cliniques privées ne sont pas mobilisées dans la lutte contre le Covid-19 ?
Alors que le Covid-19 continue de se propager à grande vitesse, que le nombre de contaminations va grandissant, que les hôpitaux publics se trouvent devant l’incapacité de secourir les malades, certains patrons de cliniques privées comptent leurs sous, sans se soucier guère de la situation catastrophique du secteur de la santé. Avant d’y mettre les pieds, le patient est sommé de passer à la caisse pour y laisser un chèque de garantie d’un montant pouvant atteindre les 50 mille dinars ! L’histoire de cet avocat qui s’est vu remettre à la sortie une facture de quelque 70 mille dinars a défrayé la chronique, ce qui a obligé le Conseil de l’ordre à intervenir pour remettre les pendules à l’heure.
Aujourd’hui, l'évolution de l'épidémie reste très préoccupante, avec une moyenne de plus d’un millier de nouveaux cas, sans compter les décès. L’implication des établissements sanitaires privés dans la crise sanitaire actuelle tarde à prendre forme. Alors qu’elle devient un devoir, mieux une obligation. La mise en place rapide et efficace des coopérations entre les structures publiques et privées, devient une urgence. Les établissements privés doivent modifier en profondeur leur activité pour répondre aux fortes demandes sur l’ensemble du territoire.
L’on se rappelle de cette polémique soulevée au mois d’Avril dernier à la suite d’une déclaration, jugée malencontreuse, du président de la chambre syndicale des cliniques privées Boubaker Zakhama, qui n’y était pas allé de main morte, en annonçant que tout malade ayant attrapé le Covid-19 doit d’abord passer à la caisse pour déposer entre 10.000 et 20.000 dinars avant d’être admis dans l’établissement. Ajoutant « est-ce facile de pousser la porte et d’entrer sans frapper » ! L’ancien député démissionnaire du bloc du PDL a été, peu de temps après, auditionné par la Commission parlementaire de la santé et des affaires sociales de l’Assemblée des représentants du peuple. Il avait assuré que les cliniques privées ont mis à la disposition du ministère de la Santé 400 lits répartis entre 150 lits de réanimation et 250 lits de prise en charge des patients. Il avait également tenu à confirmer que « les cliniques privées prendront en charge tous les frais d’hébergement et l’usage des équipements médicaux, au profit des patients qui leurs seront dirigés par le ministère de la Santé ».
Dans la période où nous sommes, alors que les capacités publiques sont dépassées, les établissements privés restent sous-utilisés, le gouvernement est appelé à prendre des décisions rapides et efficaces pour freiner l’accélération du virus. Les cliniques doivent-être sollicitées et mobilisées, voire réquisitionnées, dans la lutte contre le Covid-19, aux côtés des hôpitaux publics.
Le ministère de la santé est appelé à établir une convention avec la chambre syndicale des cliniques privées pour prendre en charge les patines atteints du Covid-19, moyennant un arrangement avec la structure syndicale.
En vérité, se soigner en Tunisie n’est plus à la portée de toutes les bourses. Un constat amer qui se confirme, au fil des années, vu d'un côté, la dégradation des structures de santé publiques et les pratiques immorales de certains propriétaires des cliniques privées, de l’autre.
B.O
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