Quand le chroniqueur ignore de quoi il parle !
Le plateau est hebdomadaire sur une chaîne privée de télévision. Chaque vendredi les trois mousquetaires (qui sont en fait quatre comme dans le roman d’Alexandre Dumas) sont réunis sous la houlette de la présentatrice patentée pour parler de tout et de rien. Surtout pour passer en revue les événements de la semaine en vue d’en tirer le meilleur et le pire. Evidemment, ce quatuor est généralement en désaccord sur presque tout. Chacun voulant mettre en évidence son point de vue et défendre ses opinions. Y compris en haussant le ton et à l’occasion en vociférant. C’est parfois celui qui crie le plus fort qui veut avoir raison. En dépit de tout bon sens.
Heureusement dans ce groupe, il y a un homme rigoureux qui joue sur les statistiques et les chiffres pour mettre en valeur des avancées positives dans le pays. Ce qui nous change de la morosité ambiante et des idées noires qui tirent le pays vers le bas et installent la déprime. Il y a aussi l’homme aux positions franches qui n’a pas froid aux yeux pour exprimer ses idées. Il dit haut et fort ce à quoi il croit. Sans peur ni crainte. Ce qui lui a valu d’ailleurs d’être convoqué par la justice. Mais cela ne l’a pas empêché à persister et signer. Contre vents et marées. Le troisième est connu pour ses penchants politiques et on a bien compris qu’il est là pour que cette tendance enracinée dans le pays ait voix au chapitre. Du reste, il ne manque jamais une occasion pour manifester sa différence quitte à entrer en conflit réel ou larvé avec ses autres partenaires. On ne peut que le respecter parce qu’il a de la suite dans les idées et qu’il est d’une fidélité sans faille dans ses principes.
Mais parmi ce groupe, il y a un journaliste élevé à la radio d’où sa voix de Stentor, du nom de ce personnage de l’Iliade cité par Homère pour en dire qu'il avait « une voix de bronze, aussi forte que celle de cinquante hommes réunis ». S’il a une qualité c’est qu’il donne l’impression de bien préparer ses prestations. Il se documente et il lui arrive de dire des choses sensées. Ce qui le dessert c’est sa propension à vouloir donner la leçon et à se croire en droit d’avoir toujours raison. L’humilité n’étant pas son fort, c’est lui qui a imposé à la télévision cette manie de distribuer cartons rouges et cartons verts. Comme s’il disposait du droit de regard sur la société. Mais il lui arrive souvent de se tromper. Cela ne l’empêche pas de vociférer ni à crier à tue-tête. Pour amener les autres à se rétracter sinon à fermer leur gueule. Il cherche à intimider. Car, il sait d’évidence que celui qui parle le plus fort a toujours raison. Il ne manque pas d’occasion pour tenir la contradiction, quand bien même il connait ses limites et ne veut pas reconnaitre qu’il peut se tromper.
L’ignorance comme la suffisance étant mauvaises conseillères c’est dans ce travers qu’il est tombé ce vendredi en cherchant à donner la contradiction à son compère, le roi des chiffres, lui le roi des mots. Apparemment porté à minimiser l’apport des entreprises allemandes installées en Tunisie, il a laissé entendre que celles-ci n’ont pas l’importance qu’on veut leur reconnaitre.
Pourtant les chiffres sont têtus. En effet 250 entreprises allemandes sont présentes en Tunisie. Elles emploient 55.000 personnes et ont investi 51 millions d’euros entre 2011-2015. De plus, les exportations de la Tunisie vers l’Allemagne ont augmenté de 10% entre 2013 et 2015. En outre, et se basant sur les chiffres de la FIPA, il y a eu 54 nouveaux projets de création allemands entre 2011 et 2015 et 81 projets d’extension durant cette même période.
Le fleuron de ces entreprises est la société LEONI Tunisie, spécialisée dans la fabrication des câbles électroniques et électriques destinés au secteur automobile et plus particulièrement à la marque Mercedes. Implanté depuis 1977, le groupe LEONI dispose de trois sites de production situés à Messaadine (Sousse), Mateur (Bizerte) et Ezzahra (Ben Arous). Il emploie quelques quinze mille cadres et ouvriers.
Pour ne pas dire des contre-vérités il aurait pu se documenter. C’est la moindre des choses pour le bon journaliste qu’il prétend être.
RBR
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