Quand Nizar Bahloul défend Moncef Marzouki ! Qui l’eût cru ?
L'ancien président tunisien Moncef Marzouki, farouche critique du coup de force de Kaïs Saied, vient d'être condamné par contumace à quatre ans de prison ferme pour atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, suite à ses propos, en octobre dernier, sur France 24, où il a affirmé qu’il a œuvré pour que le Sommet de la Francophonie ne se tienne pas en Tunisie.
L'avocate de l'ancien président, Lamia Khemiri, a déclaré à l'AFP, que son client n'avait reçu aucune convocation en justice, et qu'elle "ne sait pas pourquoi il a été condamné".
Dans un message posté mercredi soir sur sa page Facebook, l’ancien président Moncef Marzouki a commenté brièvement sa condamnation. "J’ai été condamné plus d’une fois sous l’ère Bourguiba et plus d’une fois sous l’ère Ben Ali et maintenant, un jugement est prononcé à mon encontre sous l’ère Kaïs Saied. Bourguiba et Ben Ali sont partis et les causes pour lesquelles j’ai été condamné ont gagné. . Cet apprenti dictateur partira dans les mêmes conditions et les causes que je défends vont vaincre.C'est un jugement émis par un juge misérable sur ordre d’un président illégitime", a-t-il écrit.
Sur la Toile, de nombreuses personnes se sont insurgées contre cette condamnation. L'on retiendra que même les pires opposants à Moncef Marzouki se sont rangés de son côté pour le soutenir et le défendre. Parmi eux, Nizar Bahloul.
Dans un message posté sur son compte Facebook, le patron du journal électronique Businessnews.com.tn et l'un des pires opposants à Moncef Marzouki, a dû, contre son gré, défendre l'ancien président. L'éditorialiste, qui dit être assoiffé d'une justice indépendante, apporte toute sa solidarité au condamné qui, selon lui, méritait juste "notre mépris", mais sûrement pas la prison.
On se rappelle tous que Nizar Bahloul avait publié en 2018 un livre sur l'ancien président Moncef Marzouki. Intitulé "Bonté divine ! L'homme qui n'a pas su être président", le livre relate, sur près de 150 pages, les péripéties d’un président qui, selon lui, a revêtu un costume beaucoup trop grand pour lui. Le livre, ponctué d'une touche d'humour caustique, n'avait d'ailleurs pas laissé indifférent l'ancien président qui avait réagi à l'époque sur son compte facebook, allant jusqu'à traiter Bahloul de "menteur", l’assimilant à "une mouche" et moquant son nom de famille. Suite à quoi l'éditorialiste avait déposé plainte.
Aujourd'hui, c'est un Nizar Bahloul, agacé par une justice à la solde des gouvernants, qui se sent obligé, à son corps défendant, d'apporter son soutien à son pire ennemi.
Voici le contenu du texte publié sur son mur:
"Jamais je n’aurai cru que je devrais défendre Moncef Marzouki. Mais ma soif d’une justice indépendante et aveugle m’y oblige. Avec tous ses défauts et tous ses mensonges, Moncef Marzouki ne mérite pas quatre ans de prison ferme pour avoir émis une opinion. Personne ne mérite la prison pour son opinion, personne.
Par son verdict, le juge a rendu service à Marzouki et non à Saïed. Du jour au lendemain, celui qu’on qualifiait de traître et menteur est devenu victime et héros.
Je le dis et je le redis, il faut soigner d’abord et avant tout la justice. Tout se soignera automatiquement ensuite. Toute ma solidarité avec l’ancien président Moncef Marzouki qui, malgré tout, a respecté l’Etat et ses institutions et n’a jamais puisé dans l’argent public".
O.D.
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