Raouf Khammassi: les Destouriens du Nida sont plus proches d'Ennahdha que de la gauche
Mohamed Raouf Khammassi, membre du bureau politique de Nida Tounes et coordinateur général de ses structures à l’étranger a fait, dans une longue interview accordée au quotidien Attounissia du jeudi 02 juillet, le constat de la situation générale dans le pays. Il a même avancé des propositions susceptibles de juguler la crise actuelle. Il est également revenu sur la crise au sein de Nida Tounes et pense que le pouvoir est confisqué par un seul courant et que les Destouriens qui représentent 80% de l’ensemble du parti sont marginalisés et se sentent plus proches d’Ennahdha que de la gauche.
Après avoir condamné l’attentat terroriste qui a frappé Sousse vendredi 26 juin, il a appelé les pays européens à faire bénéficier la Tunisie d’un traitement similaire à celui qui a été fait à la France et la Grande Bretagne. « Quand Londres et Paris ont été frappés par des attentats terroristes, personne n’a appelé les touristes à ne plus se rendre dans ces deux pays. Pourquoi alors celle phobie qui a pris certaines capitales européennes pour proclamer la Tunisie un pays à risques ? », s’est-il demandé.
Khammassi pense que le gouvernement Habib Essid est en train de faire du bon travail mais qui n’est, malheureusement, pas bien répercuté sur le plan médiatique. « Ce gouvernement pèche par une mauvaise communication » a-t-il souligné. Il a indiqué que sa formation ne reflète pas la réalité des dernière sélections et qu’Ennahadha, « aurait dû être mieux représentée pour assumer son entière responsabilité dans la gestion des affaires du pays. La situation actuelle n’autorise pas les guéguerres et les dissensions et Nida Tounes ne peut pas gouverner tout seul ». Le parti de Rached Ghannouchi est le grand gagnant dans cette affaire et il est comme « l’oiseau du paradis ».
Le coordinateur général de Nida Tounes regrette que les Tunisiens à l’étrangers n’aient pas bénéficié d’un ministère à part et qu’ils n’aient obtenu qu’un petit strapontin dans secrétariat d’état dirigé par quelqu’un qui n’a rien à voir avec le dossier.
Sur un autre plan et parlant de son parti, Raouf Khammassi pense qu’il est anormal qu’un parti au pouvoir n’a pas encore organisé son congrès considérant « qu’on a raté l’occasion d’un congrès consensuel. Mais si l’on opte pour cette option, on doit d’abord s’entendre sur la signification même du consensus». Il a expliqué que « le pouvoir n’est pas actuellement entre les mains de la majorité au sein de Nida Tounes et que par conséquent, il faut aller vers le congrès qui déterminera le poids réel de chaque courant à travers des élections transparentes et démocratiques». « Les Destouriens, a-t-il ajouté, représentent 80% de l’ensemble du parti et en principe, ils auraient dû avoir plus de responsabilité dans la gestion de ses affaires ». Il pense qu’à défaut d’une représentativité reflétant leur poids réel, on risquerait d’arriver à une situation difficile surtout qu’une partie d’entre eux se sentent plus proches d’Ennahdha que de la gauche ».
« Le départ de Béji Caid Essebsi a laissé un grand vide difficile à combler » , a-t-il conclu.