Réforme du système des subventions: Le contribuable paiera les pots cassés
Par Amine Ben Gamra
Les dépenses de l'Etat au titre des subventions doivent enregistrer une hausse en 2022 pour atteindre 4,2 milliards de dinars (1,3 md d'euros) contre 3,2 mds de dinars en 2021 (environ 1 md d'euros. Ce coût devrait dépasser les 5 milliards de dinars (1,5 md d'euros) en 2023.
Mais ces dépenses supplémentaires doivent-elles être financées par les impôts ou la dette ?
Comme l’Union Européenne et le FMI, partenaires essentiels de la Tunisie, sont désemparés, le contribuable paiera le pot cassé.
La question est donc de savoir comment gérer cette situation et protéger au mieux les ménages.
Depuis que les prix de l’énergie ont commencé à augmenter, les États membres de l’Union se sont employés à mettre en place une série de dispositifs destinés à atténuer le choc. Ces régimes peuvent être regroupés sous deux rubriques :
Réduction temporaire des taxes sur l’énergie ; et
Réglementation des prix qui consiste à découpler certains prix, comme celui de l’électricité, de leur coût marginal.
Par exemple, la France a demandé à la principale compagnie d’électricité du pays de limiter la hausse des prix à 4 % pour 2022 et de satisfaire la demande à ce prix, demandant ainsi à la compagnie d’absorber une grande partie du coût, ce qui entraîne une forte diminution anticipée des flux de trésorerie et une forte baisse de la valeur marchande.
En Tunisie le gouvernement envisage, dans le cadre de la rationalisation des subventions dans le secteur des hydrocarbures, d’atteindre les prix réels des bouteilles de gaz liquéfié destinées à la consommation d’ici 2026, avec l’adoption de mesures de soutien, lesquelles consistent à développer un programme de transferts financiers dans le cadre de la réforme du système de subventions des produits de base.Aussi, la libéralisation de l’importation des produits pétroliers dès que les prix réels soient en vigueur, tout en préservant le rôle de la Société tunisienne des industries de raffinage (STIR) dans la sécurisation de l’approvisionnement et le développement des capacités de stockage, outre la rationalisation de la consommation des produits pétroliers et l’ajustement progressif des prix de l’électricité et du gaz
Donc, le contribuable subira l’augmentation des impôts et celle de la levée de la subvention.
Dans tout ça, la population, prise en otage, traverse une grave période. La vie coûte toujours plus chère et les salaires ne bougent plus. A toutes les strates de la société, la peur de prendre des décisions et d’aller de l’avant est omniprésente. L’envie de travailler et de sortir la nation du pétrin n’est plus là. Et pire que tout, la crise politique dans laquelle est plongée la Tunisie depuis de nombreuses années lézarde tous les jours un peu plus l’espoir d’une vraie relance économique.
Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie
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