Réponse à Washington : une députée tunisienne annonce une initiative parlementaire pour « restaurer la démocratie américaine »

Réponse à Washington : une députée tunisienne annonce une initiative parlementaire pour « restaurer la démocratie américaine »

L’annonce de deux membres de la Chambre des représentants américaine, Joe Wilson (républicain) et Jason Crow (démocrate), de présenter au Congrès un projet de loi visant la Tunisie, a provoqué de vives réactions dans le pays. Ce projet de loi viserait à imposer des sanctions à des responsables tunisiens accusés de "violations des droits de l’homme et d’atteintes à la démocratie".

Réagissant à cette initiative américaine, la députée tunisienne Besma Hammami, membre de la commission de législation générale,  a annoncé que les parlementaires tunisiens présenteront, dès octobre 2025, une initiative législative « pour restaurer la démocratie américaine ». « Convaincus de tout ce qui est énoncé dans la Constitution du 25 juillet 2022, nous, députés du peuple au Parlement tunisien, présenterons un projet de loi pour restaurer la démocratie américaine. Cette proposition constituera notre toute première priorité », a-t-elle affirmé sur sa page Facebook. Selon elle, cette démarche constitue une riposte politique directe et une affirmation de la souveraineté nationale.

Dans le même sens, Hammami, a déclaré au journal Assabah que le projet de loi présenté par les deux membres de la Chambre des représentants américaine reflète « l’arrogance du système américain, qui s’imagine encore capable de fabriquer la stabilité des États, de les nier ou de les effacer ». Elle a ajouté que « le peuple tunisien n’attend de leçons de personne, et surtout pas des États-Unis ».

Le journaliste et chroniqueur Soufiane Ben Farhat a proposé, dans un texte publié sur sa page Facebook, de ne pas recevoir les lettres de créance du nouvel ambassadeur américain désigné si le projet de loi venait à être adopté à Washington et de le considérer "persona non grata". Pour lui, cette initiative équivaut à une forme de « chantage politique », plaçant la Tunisie devant deux choix : s’inscrire dans le processus de normalisation avec Israël à travers les Accords d’Abraham, ou voir revenir au pouvoir le mouvement Ennahdha avec le soutien de Washington.

Ben Farhat estime également que Tunis devrait déclarer l’ambassadeur des États-Unis persona non grata si le projet était adopté. Il rappelle que la démocratie et les droits de l’homme ont souvent été utilisés par les puissances occidentales comme prétextes à leurs interventions, citant l’expédition de Napoléon Bonaparte en Égypte et au en Syrie il y a plus de deux siècles.

Ces réactions traduisent une crispation croissante dans les relations tuniso-américaines. Pour certains acteurs, elles relèvent d’une posture symbolique de résistance, tandis que d’autres y voient le signe d’une possible dégradation diplomatique si Washington confirmait son intention d’adopter une législation visant directement Tunis.

B.O

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